Les lignes téléphoniques à caractère social

C’est aux américains que l’on doit l’invention de la permanence téléphonique d’écoute et d’aide : ils créent, dès 1905, une ligne dédiée aux suicidaires. Il faut attendre la seconde moitié du XXème siècle pour que cette pratique se développe en Europe. En France, la première expérience de téléphonie sociale remonte au début des années 60, avec la création de « SOS amitié ». L’École des parents et des éducateurs ouvre Interservice Parents, en 1971. Puis, c’est au tour de Sos Parents-enfants, en 1979 ; d’Ecoute-point-jeunes, en 1980 ; d’Allo-Enfance maltraitée, en 1990 ; de Fil-santé-jeune, en 1995... jusqu’à la création toute récente d’Allo parlons d’enfants, en 2009 qui fait l’objet du reportage : Allo, Parlons d’enfants - Rennes (35). Parmi les facteurs explicatifs de cette extension, il y a certainement la large démocratisation de l’accès à un support de communication longtemps réservé à une élite, popularisation encore accentuée avec l’explosion de la téléphonie mobile. Sans compter la création des numéros verts qui a permis la gratuité de l’accès pour l’appelant, de n’importe quel point du territoire. Ces services d’écoute, qui se sont donc multipliés au fil du temps, se répartissent en trois grands domaines. Ceux tout d’abord à vocation généraliste qui se tourne vers un large public en demande très généraliste : SOS amitié, Croix-Rouge Ecoute, …. Ceux ensuite qui privilégient une difficulté particulière qu’elle soit d’ordre médical, sociale ou éducative : Sida Info Service, Hépatite Info Service, Drogue Tabac Alcool Info Service, Ecoute cancer, … Enfin, ceux qui se centrent sur l’urgence et le signalement : Victimes ou témoins de discrimination raciale, Numéro d’urgence sans abri, Allo Enfance Maltraitée, Allô maltraitance Personne Agée, SOS violences conjugales… D’après l’enquête du CREDOC datant de 2001, deuil, solitude et maladie sont les trois épreuves les plus fréquentes invoquées par celles et ceux qui composent ces numéros d’appel. Que viennent-ils y chercher ? Même si leur quête laisse le plus souvent transparaître une tentative pour engager avant tout un dialogue avec eux-mêmes, le lien de confiance qui se tisse avec l’écoutant est essentiel. Il est fréquent que les appelants tentent de retrouver chez leur interlocuteur un minimum d’identification, en instaurant des codes et des repères communs. Dans le même temps, l’anonymat supprime toute implication concrète : il n’y a aucun risque à se livrer. C’est bien celui qui est à l’origine de l’appel qui garde l’initiative, pouvant à tout moment interrompre unilatéralement et brusquement l’échange, tout simplement en raccrochant. Silence et parole sont alors les seuls moyens de communication disponibles, en l’absence du regard et de la présence corporelle. Ces services de téléphonie présentent d’abord l’avantage d’offrir un espace ouvert et libre pour la parole et une écoute privilégiée, personnelle et unique, neutre et bienveillante, attentive et humaine. Mais ils proposent tout autant plate-forme de traitement pédagogique d’information et de réorientation correspondant aux demandes et aux besoins de prise en charge exprimés par l’appelant.


Quelques lignes d’écoute téléphonique
Allo Enfance maltraitée : 119
Allo maltraitance personnes âgées : 39 77
APF-écoute-parents : 0800 800 766
CAP ECOUTE (Jeunes, Parents, Professionnels) : 0800 33 34 35
Croix-Rouge écoute : 0 800 858 858
Drogue tabac alcool info service : 113
Écoute famille (UNAFAM) : 01 42 63 03 03
Écoute sexualité contraception : 0 800 803 803
Enfance majuscule : 01 46 04 03 77
Femmes info service violences conjugales : 0 800 05 95 95
Fil santé-jeunes : 0 800 235 236
Inter-service parents : 01 44 93 44 93
Ligne Discrimination : 114
Minitel dialogue sourds : 01 40 54 76 92 - 07 53 06 37 57
Phare enfants-parents : 0 810 810 987
Ligne Sans Abris : 115
Sida info service : 01 800 840 800
Sida Info Droit : 0 810 63 66 36
SOS Amitié : (numéros locaux dans toute la France) à Paris 01 42 96 26 26
SOS femmes et enfants battus : 01 47 36 96 48
SOS suicide : 01 40 44 46 45
SOS violences : 0 801 55 55 00
SOS homophobie : 0 810 108 135 / ou 01.48.06.42.41
SOS Dépression : 01 40 47 95 95
Suicide écoute : 01 45 39 40 00

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1033 ■ 06/10/2011