Projet éducatif et famille. Comment faire participer la famille

GRANVAL Daniel, L’Harmattan, 2010, 221 p.

Les projets individualisés ont été généralisés, dans le sillage de la loi de 2002. Pour autant, nous explique Daniel Granval, la formation des professionnels en la matière laisse à désirer, y compris chez ceux qui sont frais émoulus des écoles d’éducateurs. Si l’on rajoute la dégradation de la situation générale, la complexité du travail des éducateurs spécialisés s’en trouve décuplé. Pour l’auteur, les MECS et foyers d’adolescents accueillent de plus en plus de populations autrefois prises en charge en psychiatrie ou dans les établissements de la PJJ. Le respect de l’amplitude horaire, la prise des repos obligatoires, la récupération des heures supplémentaire ont transformé le professionnel de technicien de la relation, en spécialiste des grilles horaires. Au final, la flexibilité se rigidifie, les contraintes augmentent et les moyens régressent. Avec pour conséquences sur la rédaction des projets individualisés, un travailleur social qui soit se transforme en scribouillard, se perdant dans des tableaux, des graphiques et une débauche d’informations, soit se contente de recopier des projets déjà rédigés pour d’autres mineurs. Et ce ne sont pas les méthodologies,plus compliquées les unes que les autres, qui peuvent beaucoup aider en la matière. Daniel Granval nous propose donc dans son ouvrage son propre éclairage, qui pour n’être pas vraiment très académique, n’en est pas moins fort intéressant. Qu’on en juge : l’auteur nous propose de nous inspirer des stratégies mises en œuvre par l’inspecteur Colombo, interprété par Peter Falk dans les 79 épisodes de la célèbre série américaine policière. Que nous enseigne donc ce personnage de fiction ? A l’image de sa minutieuse enquête, le professionnel doit recueillir, tout aussi méticuleusement, les informations qui vont constituer la base de son diagnostic. Il se doit comme ce détective, de s’ouvrir à l’ensemble des hypothèses possibles, en ne se contentant pas de privilégier la première. Comme le montre ce policier, il doit être attentif aux manifestations des différents acteurs en présence, pour identifier les interactions à l’oeuvre. Mais, l’auteur ne se contente pas d’appliquer son exégèse de l’incomparable savoir-faire du lieutenant Colombo, aux éducateurs. Il propose de précieux conseils aidant, par exemple, à distinguer entre objectifs généraux et opérationnels ou entre objectifs et moyens ; à fixer un but qui produise des efforts, tout en restant atteignable ; ou encore à toujours formuler l’objectif de façon positive. Sans oublier de rappeler que pour être efficace, ce projet se doit d’être investi, en premier lieu, par la personne directement concernée.

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1038 ■ 10/11/2011