LEROY Marie-Thérèse, Ed. L’Harmattan, 2018, 127 p.

Travaillant d’abord comme éducatrice, puis comme directrice d’un service  d’investigation et d’orientation, Marie-Thérèse Leroy a fini par partir en retraite. Dix ans ont passé avant qu’elle ne se décide à dresser vingt six portraits d’enfants et de familles égrenés comme illustration de la diversité des situations, en protection de l’enfance. C’est Dalila, enceinte de 13 ans, seule dans l’appartement de son père dont elle a vendu tous les meubles, pour se nourrir. C’est Fouzi faisant irruption au service et traitant tout le monde d’« emmerdophiles ». C’est King qui, si souvent dans un « état volcan », en est à sa seconde agression de personne âgée. Mais aussi Léo, agressé sexuellement par son père, qui demande naïvement si c’est lui qui va aller en prison. Orlando, 13 ans, arrive au tribunal les menottes aux poignets : il tirait à la carabine à plomb sur les passants depuis sa fenêtre. Sandra, quant à elle, ne cesse de fuguer de ses foyers à la recherche d’un amour impossible. Tony, 15 ans, refuse catégoriquement de retourner chez ses parents : on lui trouvera un lieu de vie. Yaëlle, 10 ans, ne cesse d’être violente avec sa petite sœur de 8 ans. C’est ce beau-père passablement énervé, quand on lui annonce l’avis défavorable du service à la fin du placement. Heureusement que son Pitbull, lui, est calme. Mais il y a aussi ces retrouvailles à l’âge adulte. Francis qui, adopté, est à la recherche des ses géniteurs. Uliana qui demande à consulter son dossier pour tenter de comprendre son passé d’enfant placé. Et puis, ces jeunes femmes bien peu reconnaissables, devenues pour l’une vendeuse dans une librairie et pour l’autre … assistante sociale. Que de moments d’angoisse, de tristesse, de fous rires qui rendent ce métier à la fois si attachant et si stressant.

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1249 ■ 16/04/2019