Chroniques d’une assistante sociale en milieu médico-social

MAUREY Christine, Ed. L’Harmattan, 2016, 139 p.

A force de rédiger les mêmes enquêtes sociales destinées à octroyer aides financières ou colis alimentaires, à force d’être confrontée à une hiérarchise passive, mesquine et inabordable, à force de subir solitude et isolement, Christine Maurey a décidé de quitter son poste d’assistante sociale en polyvalence de secteur. Elle a été recrutée dans un établissement médico-social accueillant des enfants porteurs d’un handicap sensoriel. C’était il y a de cela vingt cinq ans. Non seulement elle ne regrette rien, mais elle nous livre pour notre plus grand plaisir un récit attachant de son expérience. Tout n’est pas idyllique dans son parcours où se combinent le pire comme le meilleur. La satisfaction d’échanger en équipe pluridisciplinaire a pu être entachée par la gêne ressentie lors de certaines de ces réunions où « l’on dit tout et n’importe quoi ! Et même l’anecdotique et le croustillant » (p.62) sur le dos des familles. Le plaisir de voir grandir, évoluer et progresser des enfants malgré leur déficience a pu être assombri par le décès brutal de certains d’entre eux. L’intérêt trouvé dans l’accompagnement des familles d’accueil hébergeant en semaine les petits pensionnaires a pu être contrarié par le constat de la discrimination au sein de l’établissement entre les différentes catégories de personnels, la parole des assistantes familiales n’ayant pas la même légitimité que celles des autres professionnels. Et puis, il y a ces confrontations tant à la culpabilité des parents face au handicap, qu’aux hésitations de l’équipe à signaler des cas de maltraitance en passant par les diktats d’un directeur et les désaccords avec les partenaires, moments de tension et d’émotion qui restituent toute la complexité d’une fonction que l’auteure reste fière d’avoir exercé.

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1209 ■ 08/06/2017