MOSSANG Nicole, Ed. Amalthée, 2019, 198 p.

Confrontée à l’énigme d’un autre différent qui ne parle pas toujours, refuse parfois toute proximité et résiste souvent à l’accompagnement, Nicole Mossang nous convie dans son quotidien d’éducatrice spécialisée auprès d’enfants, d’adolescents et d’adultes déficients mentaux. Elle tricote sa forte congruence à l’égard du public qu’elle côtoie et une habile introspection, avec les aiguilles théoriques d’une multitude de philosophes, psychanalystes, pédagogues ou poètes qui lui ont permis de trouver des réponses. Comme, par exemple, de commencer par renoncer à tout savoir et à tout comprendre, à tout maîtriser et à tout contrôler sur cet autrui ne rentrant pas dans la norme. Ce n’est pas l’ignorance qui constitue alors un vice. Ce qui l’est d’avantage c’est une ignorance qui s’ignore et qui charge l’autre de ses propres certitudes. Accueillir l’autre tel qu’il est, permet de le considérer comme moins étrange. Partager avec lui, c’est commencer à regarder le monde avec ses yeux à lui. Mais, cette empathie n’est profitable que si l’on n’est pas déprimé par sa dépression, angoissé par son angoisse, englouti par sa dépendance. A travers vingt deux lettres adressées à Paula, Anna, Assia, Antoine, Luc, Gilles… l’auteure passe au scanner ses actes professionnels, renforçant ce qui est au cœur de l’action éducative : l’autre ne peut grandir que si l’on croit en lui.

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1259 ■ 14/10/2019