La déclaration des droits des filles et des garçons

Elisabeth BRAMI et Estelle BILLON-SPAGNOL, éd. Talents hauts, 2014, 32 p.

Les intégristes cathos vont se réjouir. Ils vont pouvoir rajouter deux livres à l’autodafé qu’ils rêvent d’organiser pour les livres hérétiques osant semer le doute sur ce que sont un véritable homme et une vraie femme. On savait « Papa porte une robe », « Tango a deux papas », « Jean a deux mamans » ou « Tous à poil » déjà programmés pour le bûcher. Les ouvrages d’Elisabeth Brami et Estelle Billon-Spagnol à destination des 5-9 ans risquent de connaître le même sort. Leur crime ? Oser combattre les préjugés de genre. Ainsi apprend-on que le sexe faible aurait le droit, lui aussi, de jouer aux billes ou aux voitures, de grimper aux arbres et de construire des cabanes. Elle pourrait être débraillée et ébouriffée, voire même porter des bermudas et des casquettes. Imaginez-vous qu’on lui reconnaît la possibilité d’être forte en maths et pas géniale en français, de faire de la boxe et du foot et même de rêver de devenir camionneur. On ne doit plus lui reprocher de se mettre en colère et de se bagarrer et d’avoir en horreur la couture, le tricot et le rangement. Autant d’attributs qui sont traditionnellement accolés au caractère masculin et qui de doit pas leur valoir de se faire traiter de « garçon manqué ». Après un tel tableau, on s’attend au pire pour les mâles. Et on n’a pas tort. Parce que voilà nos petits hommes confortés dans leur droit non seulement à être timides et craintifs, de se mettre à pleurer et de chercher à se faire consoler, mais aussi de se montrer coquet, calmes et sages. Ils peuvent tout autant troquer le bricolage et la mécanique contre la poupée, la dînette et la marelle et avoir envie d’apprendre à tricoter, à coudre et à repasser. Ils peuvent aussi s’inscrire aux cours de danse classique ou appendre à jouer de la harpe. A l’école, leurs bonnes notes en lecture et en écriture et leurs échecs en maths ne doivent plus inquiéter. Cela leur permettra, une fois grands, de devenir peut-être homme de ménage, sage-femme ou puériculteur. Et tout cela, sans se faire traiter de « femmelettes ». Enfin, une fille n’a nul besoin de jouer tous les jours aux belles princesses et les garçons aux petits héros, chacune et chacun pouvant, à sa convenance préférer les filles ou les garçons, ou les deux. A n’en pas douter, ces deux livres signent la fin de notre civilisation. La remis en cause des fondements de la société ne peut que faire péricliter notre espèce, laissant les jeunes générations hagardes et condamnées aux actes contre nature. Pour sauver l’humanité, il faut rétablir la vérité : les filles sont destinées à s’occuper des enfants et à faire le ménage et les garçons à se battre et à jouer aux jeux physiques. Contrairement à ce que défend ces ouvrages soutenus par Amnesty international, en raison de leur contribution à la lutte contre les préjugés de genre.

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1139 ■ 17/04/2014