Le logement: un droit pour tous

Droit Au Logement, Le Cherche Midi Editeur, 1996, 171 p.

Le drame se joue en 5 actes.
Acte 1. Le crédo de l’Etat en matière de logement -tous gouvernements  confondus-s’est axé dans les années 80 sur la déréglementation: il revenait aux agents économiques la charge de la construction. L’investissement s’est alors orienté vers le secteur le plus rentable: celui du tertiaire. Par centaines, des immeubles sont détruits et reconvertis en bureaux. Aujourd’hui, l’Ile de France comporte 5,5 millions de m2 de bureaux vides.
Acte 2. La logique libérale n’a fait qu’encourager la spéculation qui elle-même aboutit à une véritable flambée des prix du foncier. Entre 1984 et 1992, alors que le parc locatif privé perd 950.000 logements (rapport de la Cour des Comptes -1994), la masse des loyers a plus que doublé.
Acte 3. Soucieux d’équilibrer leurs comptes, les organismes HLM excluent progressivement les ménages les plus pauvres réputés insolvables au profit des classes moyennes: 28% des locataires ont des revenus supérieurs au plafond d’accès (36,5% en région parisienne). Fidèle à son option de non-intervention, l’Etat n’exerce plus aucun contrôle sur les modalités d’attribution des logements sociaux, alors-même qu’il en est le principal financeur. La caricature extrême est atteinte par la ville de Paris qui depuis des dizaines d’années procède à des répartitions arbitraires à la discrétion du cabinet du maire.
Acte 4. La réduction des coûts salariaux et la flexibilité de l’emploi ont abouti à une précarisation et une insécurité extrêmes guère propices à l’accession à la propriété. C’est que sur 25 millions d’actifs, le CERC estime à 11,7 millions les personnes en état ou en risque d’exclusion. La mobilité locative s’en trouve d’autant plus gelée.
Acte 5. Il existe sur le territoire national 1.895.000 logements vides. En région parisienne, ils sont au nombre de 118.300 dont 67.000 disponibles immédiatement. Parallèlement, 5 millions de personnes sont considérées comme mal logées. Ce qui représente une dégradation considérable tant en matière de qualité de vie que de santé (notamment le saturnisme qui touche en priorité les enfants), mais aussi de finances publiques. En effet, les interventions sociales nécessitées par la prise en charge de toute cette détresse (foyers d’urgence, placements d’enfant pour logement insalubre, hospitalisations, procédures judiciaires) coûte infiniment plus cher qu’une politique globale et radicale.
Fermez le ban: circulez, il n’y a plus rien à voir.
Ou plutôt si, il reste à voir ceux qui ne se résignent pas et se battent . Ainsi le DAL qui revendiquent un certain nombre de mesures élémentaires telles le relogement préalable à toute expulsion, l’éradication des maladies du mal-logement, l’intensification des réquisitions, la réforme des attributions HLM, l’instauration d’une taxe d’inahabitation ...
 « Le logement un droit pour tous »: un livre sain et salutaire retraçant les étapes du combat et donnant informations et conseils pour une cause juste.
 
Droit Au Logement: B.P. 484 Paris Cedex 11- CCP 8 439 86 G
 

Jacques Trémintin - LIEN SOCIAL ■ n°365 ■ 19/09/1996