Autisme et culture. Balades au musée du Louvre

TREESE-DAQUIN Catherine, Ed. Autisme-Diffusion, 2016, 158 p.

Il est rigoureusement impossible de faire découvrir et apprécier le patrimoine culturel à des personnes avec autisme, présentant des déficiences mnésiques et une sensorialité exacerbée. Ce syndrome ne relevant pas du trouble psychiatrique, mais neuro-développemental affecte le fonctionnement des perceptions : être confronté au bruit, aux odeurs, à la foule et à la lumière peut constituer une dure épreuve, impactant le niveau de compréhension, la capacité de communication et le comportement adopté en public. L’expérience que nous décrit Catherine Tresse-Daquin qui accompagne régulièrement des groupes au musée du Louvre fait voler en éclat cette idée reçue sur l‘autisme. Bien sûr, tout le monde n’est pas forcément prêt à le faire. Et il est essentiel que de telles visites soient préparées, sans laisser de place à l’improvisation. Avant, il faut fournir tous les détails, préparer le parcours afin qu’il soit le moins fatigant et stressant possible, donner une heure de rendez-vous approximative, afin de sécuriser et d’éviter les montées d’angoisse. Pendant, il faut s’adapter aux imprévus, répondre aux demandes, s’accorder sur le moment présent, se montrer d’une grande disponibilité. Après, il faut aider à s’approprier la visite, trouver du sens et éviter de déverser son savoir culturel de neurotypiques. Et cela fonctionne très bien. Il y a bien Simon qui s’intéresse de près aux extincteurs présents dans chaque salle, avant d’admirer les œuvres présentées. Ou encore Jérôme capable d’arpenter le musée à grand pas, puis de s’asseoir en ayant mémorisé le moindre détail de ce qui y est exposé. Sans oublier les remarques cocasses sur la négligence d’un muséum qui n’est même pas capable de réparer le bras absent de la Venus de Milo. Mais, les attitudes adoptées sont bien souvent mieux adaptées que celles de certains touristes bruyants et consuméristes.

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1184 ■ 28/04/2016