Ces enfants d’immigrés qui réussissent

BOUCENNA Boussad, Ed. L’Harmattan, 2016, 229 p.

Les études fourmillent pour analyser l’échec scolaire, la délinquance ou les problèmes d’intégration des jeunes issus de l’immigration maghrébine, mettant en exergue leur situation précaire et les difficultés qu’ils rencontrent dans l’ascension sociale. Par contre, il n’y en a guère pour décrire la réussite de ceux qui s’en sortent. Boussa Boucenna vient combler ce vide à travers une recherche identifiant les facteurs ayant favorisé leur insertion. Qu’est-ce qui leur a permis d’émerger, en échappant aux déterminismes sociaux pesant sur leur destin ? Quelques traits de caractère subjectifs tout d’abord. Une capacité d’analyse rationnelle et une détermination forte les plaçant en situation de choisir plutôt que de subir. Une habileté certaine ensuite à s’adapter aux règles du jeu scolaire et à mettre en place des stratégies de contournement des orientations contrariées. Enfin, le choix de négocier et de composer avec les deux identités : celle de parents marquée par l’expérience de la colonisation, puis de la migration dans le pays colonisateur et celle d’une société d’accueil qu’il faut parfois contraindre à faire une place. Mais, si la volonté individuelle est nécessaire, elle n’est pas suffisante. Encore faut-il pouvoir s’appuyer sur la mobilisation d’une famille sensibilisée aux enjeux scolaires, acceptant de s’intégrer et faisant de la promotion de leur enfant un objectif premier.

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1250 ■ 30/04/2019