Une journée dans la mort de l’Amérique

YOUNGE Gary, Ed. Grasset, 2017, 475 p.

Le journaliste britannique Gary Younge nous propose la photographie instantanée du samedi 23 novembre 2013 aux USA. Pourquoi cette journée ? Parce qu’elle fut marquée par la mort par balle de dix enfants et adolescents. Sept étaient noirs, deux hispaniques et un blanc. La chronologie est lugubre. 1h00 : Gary (18 ans). 3h13 : Kenneth (19 ans). 3h30 : Gustin (18 ans). 4h17 : Stanley (17 ans). 7h36 : Jaiden (9 ans). 16h22 : Pedro (18 ans). 19h15 : Edwin (16 ans). 20h19 : Tyler (11 ans). 23h00 : Samuel (16 ans). 23h05 : Tyshon (18 ans). Qu’ils aient été victimes d’un membre de leur famille ou de la guerre des gangs, qu’ils aient été tués par une balle perdue ou à la place d’un autre garçon, qu’ils aient perdu la vie dans une fusillade ou en jouant avec des armes à feux, ces enfants appartiennent à un pays où ils ont dix sept fois plus risques de mourir d’une balle que leurs congénères des pays à hauts revenus. Pour un tir justifié, il y a quatre tirs involontaires, sept attaques criminelles ou homicides et onze suicides. Le 2nd amendement de la Constitution américaine légalisant l’existence de soldats-citoyens achetant eux-mêmes leur arme et la stockant chez eux a été votée en 1791. Quand l’armée régulière a pris le relais des milices, cet amendement a perdu son sens. Face aux puissants lobbys qui le défendent, la liberté de porter des armes percute la liberté de savoir ses enfants en sécurité.

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1212 ■ 07/09/2017