Gun baby gun. Voyages de tous les dangers au pays des armes à feux

OVERTON Ian, Ed. Belfond, 2016, 503 p.

Journaliste d’investigation, Ian Overton nous entraîne dans un étrange périple nous menant du Brésil au Pakistan, en passant par l’Allemagne, l’Afrique du sud, l’Ukraine, la France, la Suisse, Israël ou le Honduras, à la rencontre des victimes des armes à feux, de ceux qui en font un usage récréatif ou en tirent leur pouvoir, sans oublier ceux qui en font le commerce ou le trafic. En 2007, on comptait une arme pour sept habitants sur la terre. Si les forces de police en détiennent 26 millions et les militaires 200, ce sont les particuliers qui en possèdent le plus : 650 millions ! Elles sont responsables de 80% des morts violentes à travers le monde. Il n’y a pourtant pas de rapport intrinsèque entre le nombre d’armes à feux et le niveau de violence, comme le montre l’exemple de l’Islande qui détient le record à la fois du plus grand arsenal (90.000 fusils pour 300.000 habitants) et du plus faible pourcentage d’homicides. La raison ? Seuls les tireurs sportifs, les chasseurs et les collectionneurs en possèdent, les armes de poing et automatiques étant interdites. Ce qui est en cause, c’est en réalité leur usage dans un objectif d’autodéfense. Les citoyens américains qui possèdent 357 millions d’armes ne sont pas en sécurité pour autant : en posséder une à son domicile accroît statistiquement le risque de mourir de 41%, non du fait d’un agresseur extérieur, mais d’un membre de son propre foyer ! En 1996, après treize massacres de masse, survenus les dix huit années précédentes, l’Australie a voté une loi restrictive. Dix ans plus tard, son taux d’homicides par balle a chuté de 57%. Mais, pour que l’on tue moins avec une arme, il ne suffit pas de changer la législation. Encore faut-il un profond changement culturel, en cessant d’en faire un symbole de virilité.

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1212 ■ 07/09/2017