Jeunes en danger. Les familles face aux conduites à risque

ASSAILLY Jean-Pascal, Imago, 2007, 245 p. 

La décade tumultueuse 15 à 25 ans a depuis longtemps marqué les esprits au point d’en devenir simplificatrice. Certes, les mises en danger sont bien réelles, qu’elles prennent la forme de conduites routières périlleuses, de pratiques sportives extrêmes, de comportements sexuels à risque, de scarification, de fugues, de tentatives suicidaires… Mais, si beaucoup d’adolescents peuvent adopter ce type d’attitudes, la majorité s’en tient à l’expérimentation du risque, une minorité (10 à 20%) s’inscrivant dans l’excès ou l’addiction. Bien des facteurs permettent d’expliquer cette susceptibilité : qualité de perception du danger, recherche de sensation et d’aventure, degré de soumission à la mise en danger, conscience des bénéfices et des inconvénients, anhédonie (incapacité à éprouver du plaisir dans la routine), alexithymie (aspects concrets prenant le pas sur les affects), fuite de soi, désinhibition … Jean-Pascal Assailly, s’appuyant sur de nombreuses études réalisées à travers le monde, met en évidence la place de la famille comme source première d’influence de tous ces comportements. Avec d’abord l’héritage génétique : s’il n’existe pas de gènes où serait inscrit la propension à se mettre en danger, il y a une fragilité constitutive qui peut être réactivée en présence d’un marqueur de l’environnement. Mais la place de l’éducation est tout aussi essentielle. La manière dont le nourrisson, puis l’enfant vont investir leur figure d’attachement peut être déterminante dans la capacité développée ensuite à l’égard de la recherche tant de sécurité que d’exploration. Des accidents de la vie tels la carence maternelle précoce, les séparations majeures, la reproduction intergénérationnelle vont peser dans l’exposition à venir à la toxicomanie, dans la tolérance à la frustration, mais aussi dans l’adoption de comportements violents ou de délinquance. La cohésion de la cellule familiale joue un rôle moins marquant que la qualité des relations qui s’y déploient. C’est l’intensité du conflit, qui peut s’y jouer, qui déstabilise le plus l’équilibre de l’enfant. Si sa place dans la fratrie ne constitue pas un facteur remarquable, la carrière infractionnelle des parents et des frères aînés influence négativement le comportement des plus jeunes. La présence ou l’absence de supervision parentale peut, par contre, être corrélée avec un devenir problématique. Pour autant, le laxisme (qui laisse l’enfant livré à lui-même) est aussi nocif que la surveillance excessive (produisant une surprotection aux effets tout aussi néfastes). L’auteur préconise une autorité négociée s’appuyant sur une combinaison entre le contrôle comportemental et l’affection : la chaleur relationnelle et l’absence de stratégies intrusives favorisent la confiance et l’évitement des comportements déviants.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°925 ■ 16/04/2009