L’état de l’enfance en France - Les nouvelles familles

Gabriel LANGOUËT et all,  Hachette, 1998, 222p.

Ce n’est qu’au XIIème siècle que le mariage indissoluble est imposé par l’église qui l’intègre à ses sacrements. La révolution de 1789 met un terme à cette période en introduisant le divorce. La dissolution de ce lien n’a pas provoqué, comme la plupart des moralistes le prévoyaient, un effondrement de la civilisation mais une réorganisation de la famille : familles recomposées (constituée de deux adultes dont l’un au moins n’a pas de lien de filiation avec les enfants présents), les familles monoparentales (ne comportant au domicile qu’un seul parent dans 90% des cas, la mère), les familles homoparentales (les deux parents étant du même sexe) se sont multipliées au point d’atteindre près de 20% du total des foyers. Conséquences de ces évolutions ? L’équilibre de l’enfant ne s’en est pas trouvé forcément remis en cause, le dialogue, l’entente des adultes, la qualité des pratiques éducatives, étant des facteurs d’épanouissement tout aussi importants que l’union apparente. Il y a, par contre, fragilisation du lien entre le père et ses enfants, confirmé par cette statistique inquiétante de plus de la moitié des enfants qui vivent dans une famille monoparentale ou recomposée qui ne le voient peu ou plus. Quant au droit, il a du se plier à ces évolutions, en aménageant par exemple la pérennisation de l’autorité parentale au-delà de la rupture du couple marital. L’ouvrage propose des documents statistiques qui permettent de se représenter l’ampleur du phénomène : ainsi, du seuil de cohabitation qui constitue un risque de séparation (4 ans) ou encore la diminution progressive du nombre de couples mariés (87,5% en 1990 contre 97,1% en 1962), sans oublier l’accroissement régulier des familles monoparentales (7,70% en 1968, 11,20% en 1990).

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°536 ■ 22/06/2000