Les vraies bonnes questions auxquelles personne jamais ne répond! Les enfants de 3 à 12 ans

Maryse VAILLANT, édition Michel Lafon, 2001, 238 p.

L’éducation des enfants confronte quotidiennement les adultes à une multitude de questions qui peuvent désarçonner et mettre en difficulté le plus expérimentés d’entre eux. Est-il possible d’apporter des réponses simples qui ne soient pas simplistes, de proposer des solutions qui ne soient pas des recettes, d’offrir des options qui ouvrent le champ des possibles plutôt que d’enfermer dans l’illusion des certitudes ? La littérature nord américaine raffole de ces ouvrages qui accumulent les propositions miracles que tout parent est invité à suivre s’il veut réussir l’éducation de sa progéniture. Maryse Vaillant réussit ici un exercice qui a l’immense avantage de ne jamais tomber ni dans la facilité, ni dans la généralisation abusive, tout en restant lisible pour le grand public. Ses conseils sont précis sans pour autant borner le lecteur à une approche unique ou exclusive. Son bon sens ne fleure pas avec le sens commun. Tout au contraire, elle cherche à donner du sens aux comportements, à permettre de comprendre les attitudes. Par une démarche maïeutique, l’adulte est appelé à chercher au fond de lui-même les bonnes réponses. L’enfant ne veut pas aller se coucher ? S’il n’est pas question de céder à ses exigences, on peut aussi l’aider à apprivoiser l’univers terrifiant que constitue pour lui la nuit (par des rites et une réassurance affective). L’enfant pleure beaucoup au moment de la séparation ? S’il n’est pas envisageable de lui éviter cette épreuve ( « l’apprentissage de la séparation est le premier enseignement important de la vie »), l’adulte peut aussi travailler sur ses propres angoisses qui sont souvent à l’origine de ces difficultés. L’enfant manifeste des peurs qui le terrorisent, (« ces peurs qui représentent le monde archaïque et infantile de toutes les terreurs humaines ») ? S’il doit apprendre à les affronter pour mieux les apprivoiser, on peut aussi reconnaître ces sentiments et les accompagner. L’enfant est captivé par la télévision ? S’il est difficile de censurer cette fenêtre ouverte sur le monde, on peut néanmoins aider l’enfant à avoir une position active en choisissant plutôt qu’en subissant. L’enfant donne tout son argent de poche à ses copains ? Si on ne peut accepter ce qui peut être l’amorce d’un racket, on peut aussi s’interroger sur ce que l’enfant cherche à acheter (une amitié, une reconnaissance) et aller au-delà du simple acte posé. L’enfant fait des bêtises ? S’il faut savoir le sanctionner et l’aider à réparer, il est néanmoins essentiel qu’il en fasse des bêtises : « c’est son mode personnel d’accès au monde, sa façon de comprendre comment il est fait » Rien n’est plus inquiétant qu’un enfant docile et obéissant ! Maryse Vaillant est en permanence dans l’entre deux : ce n’est pas fermeté des adultes ou valorisation des enfants, mais l’un et l’autre. Ce n’est pas responsabilisation des adultes ou la reconnaissance des enfants dans leurs justes capacités, mais les deux. C’est tout l’art difficile de l’éducation qui consiste à toujours chercher la bonne réponse en sachant d’abord s’interroger soi-même.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°583 ■ 05/07/2001