A la recherche des besoins perdus. Un regard sur l’enfance et la société

ZAMET Pierre, L’Harmattan, 2007, 204 p.

C’est à partir de sa longue expérience de pédiatre auprès des enfants et des parents, que Pierre Zamet a écrit cet essai. Chaque individu, explique-t-il, est confronté à la nécessité d’assouvir un certain nombre de besoins, afin de calmer sa tension intérieure et la pénurie de satisfactions. Pour autant, répondre aux aspirations individuelles ne peut se faire qu’en tenant compte de celles des autres. « La société n’autorise pas la satisfaction débridée des pulsions de l’être humain. » (p.17) C’est pourquoi tout éducateur doit savoir à la fois combler au mieux les attentes de l’enfant tout en l’aidant à supporter la frustration quand celle-ci s’avère inévitable et souhaitable. Cette question centrale nécessite une appréhension fine de la nature et des modalités des besoins. Ce que nous propose l’auteur. Il distingue tout d’abord ce qui relève des hormones sexuelles et qui se traduit en terme d’érotisation de la vie tant familiale que de celle du couple. Le désir, la séduction et l’attachement constituent l’une des sources énergétiques essentielles de la vie psychique. Sigmund Freud a repris à son compte et particulièrement développé cette hypothèse. Mais les besoins ne sauraient se limiter à la seule libido. Il en est d’autres tout aussi importants, tels ceux qui se situent dans le domaine kinesthésique : notre corps a faim de lumière, de couleur, de sonorités, d’odeurs et de sensations gustatives. « La stimulation de tous les canaux sensoriels participe au développement perceptif, affectif et cognitif de l’enfant. » (p.59) Quatre autres familles de besoins sont identifiées. Il y a d’abord cette affection faite d’empathie, d’indulgence et de permissivité tant nécessaire à la confiance de base qui permet d’affronter le monde et les autres dans un esprit d’ouverture et de bienveillance. Il y a ensuite l’attention : nous recherchons tous et toutes à être regardés, écoutés et entendus. Nous attendons d’être compris dans ce que nous exprimons. Même si nous défendons notre originalité, nous souhaitons tout autant être confirmés dans notre appartenance à un groupe et à des normes : c’est le troisième besoin, dit d’approbation. Enfin, intervient le besoin de considération que nous ressentons quand nous cherchons à voir reconnue notre valeur intrinsèque. La façon dont nous avons géré ces besoins dans notre enfance va se répercuter durant toute notre vie. Pierre Zamet définit quatre typologies de personnalités de base qui correspondent à chacun de ces besoins : la personne réceptive (privilégiant la recherche affective), la personne réactive (en recherche d’attention), la personne normative (en attente d’approbation) et enfin la personne évaluative (en demande de considération). La connaissance des ressorts de chacune permet d’appréhender les qualités et les défauts correspondants et de savoir y répondre.

 

Jacques Trémintin – Janvier 2008