Seuls les enfants savent aimer

CALI, Ed. Cherche Midi, 2018, 192 p.

Comment vit-on la mort de sa mère, quand on est enfant ? Le roman autobiographique de Cali réussit à nous glisser avec une grande justesse dans la peau d’un petit garçon de six ans. C’est d’abord la stupéfaction : « Mireille est décédée », entend-il. Mireille, c’est le prénom de sa maman qui venait d’avoir 33 ans. Mais « décédée », il ne sait pas ce que cela veut dire. A son âge, la mort n’existe pas, mais le désespoir si. Il voit juste la peine et les larmes de ses proches. L’enterrement, il ne va pas y assister : « trop jeune pour affronter la mort », « pas de taille pour être à ses côtés, marcher avec toi derrière eux ». Alors, il reste seul et attend, ne cessant de pleurer, se sentant se vider de larmes. Ils ont décidé de brûler les vêtements de sa maman. Il aurait tant voulu continuer à respirer sa robe à carreau qu’il aimait tellement. De retour à l’école, sa maîtresse le serre fort dans ses bras, en disant des mots gentils. Enfin, elle le relâche : il avait l’impression qu’elle allait l’étouffer. Il est un héros malgré lui : tous les enfants de l’école le dévisagent. L’absence gagne du terrain. Mais, il la cherche : « tu me manques à crever maman. Jusqu’à quand tu vas mourir ? » Pourquoi s’attacher au petit chat qu’on lui offre ? Lui aussi va mourir, laissant à nouveau son cœur en lambeaux. Comprendre ce drame vécu à sa façon par un enfant est toujours un défi. A nous adultes de réussir à le relever.

 Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1230 ■ 31/05/2018