Le désarroi des parents inquiets pour le développement ou le comportement de leur jeune enfant

DANEL Patrick, Ed. L’Harmattan, 2015, 172 p.

De tous les âges de la vie humaine, la petite enfance est celui qui bénéficie du moins de soins, quand surviennent des troubles précoces du comportement. Impuissance et fatalisme sont les réactions les plus communes de parents réduits à espérer que de telles difficultés passent, comme elles sont venues. Du côté des acteurs de la santé publique, cela ne va pas beaucoup mieux : les études épidémiologiques sont rares et quand elles existent, elles sont toujours transversales et jamais longitudinales. Patrick Danel, pédiatre dans le secteur médico-social, en convient : tous les enfants âgés de 12 à 42 mois développent plus ou moins d’agressivité, manifestant sporadiquement de la colère ou de la peur, avec une intensité variable. Cela ne devient vraiment inquiétant que lorsqu’il y a répétition : persistance dans l’instabilité et l’impulsivité ou au contraire dans le repli et l’isolement, trouble régulier du sommeil, agitation et opposition récurrentes lors des prises de repas, perturbations fonctionnelles (énurésie, encoprésie, reflux gastro-oesophagiens), retrait relationnel, retard du langage… Tous ces symptômes peuvent être identifiés, grâce à une observation fine des expressions du visage, de l’existence ou non de contacts visuels spontanés, du degré d’activité corporel, de gestes d’auto stimulation, des vocalisations, de la vivacité en réaction à la stimulation. Ce sont les parents qui sont les mieux placés pour détecter ces troubles. Mais, entendant déjà tout et son contraire, au point d’avoir parfois du mal à s’accorder sur des bases éducatives communes, ils n’ont surtout pas besoin qu’on leur explique ce qu’ils doivent faire. Il faut juste les encourager à la plus grande vigilance et à la bienveillance de cette danse interactive avec leur bébé qui alterne les ajustements posturaux, les contacts physiques, les échanges de regards, la mélodie de la voix, les paroles adressées, le partage des expériences émotionnelles, la tendresse… Autant  de nourritures affectives et relationnelles qui baignent l’enfant dans ce lien d’attachement seul à même de le faire grandir et progresser. Mais, quand une dépression ou une pathologie mentale frappe un parent, quand règnent des violences conjugales, quand des séparations très conflictuelles se produisent, quand un deuil ou un évènement grave survient, cette disponibilité vient à manquer. Pour répondre au mieux aux besoins des familles, un accompagnement doit pouvoir être assuré en privilégiant les actions tant individuelles que collective et en s’appuyant sur des pratiques de réseau rapprochant le médical, le médico-psychologique, le social et l’éducatif. Mais, le plus difficile parfois est de (se) convaincre que des solutions thérapeutiques existent et sont à notre portée, qu’elles soient cognitivo-comportementales, systémiques ou psychanalytiques.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1185 ■ 12/05/2016