Ils sont fous ces psys! Petits remèdes et grands moyens de la préhistoire à nos jours

MAGRO Marc, Ed. First Histoire, 2015, 319 p.

Étonnante, cette plongée dans l’histoire qui démontre le souci de l’être humain, de tous temps, de trouver une réponse à la folie. Depuis la trépanation des crânes, dans les temps préhistoriques, jusqu’aux dernières thérapies à la mode (hypothérapie, chromothérapie, bioénergie …), l’imagination n’aura eu de cesse d’innover. Que ceux pensant que Freud est l’inventeur de l’interprétation des songes se détrompent : on a retrouvé des papyrus égyptiens codifiant les significations des rêves, à partir de symboles positifs et négatifs. Il en va de même de l’attention et de la bienveillance portées au malade qui ne sont pas une invention contemporaine : l’antiquité avait déjà inventé le soin par le théâtre, l’amusement ou la pratique des calculs mathématiques. Si le moyen âge perce la boite crânienne des fous pour en évacuer les vapeurs démoniaques et inventent toute une panoplie de remèdes aussi farfelus (absorption de lait de femme, d’urine ou de pierres précieuses réduites en poudre) que cruels (fouet, bastonnade, chaînes), le XXème siècle ne vaudra guère mieux. Pic à glace enfoncé dans les lobes orbitaux pour combattre la schizophrénie, inoculation de la malaria (ce qui vaudra à son auteur … le prix Nobel de médecine en 1927) ou encore injection massive d’insuline provoquant un coma hypoglycémique sont les remèdes alors très courants ! Et si la libération des fous de leurs chaînes date en occident de Pinel, la civilisation arabe d’Afrique du nord regroupe les aliénés et tente de les soulager par de la musique et des bains, des sédatifs à base d’opium et des décoctions de plante. Que le malade aie à faire à un guérisseur cherchant à le libérer des mauvais esprits ou à un psychiatre lui prescrivant des psychotropes, l’essentiel réside dans la rencontre entre soignant et soigné et la confiance réciproque qui les relie.

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1170 ■ 01/10/2015