L’estime de soi - S’aimer pour mieux vivre avec les autres

Christophe ANDRE et François LELORD, Odile Jacob, 1999, 290p.

Après « Comment gérer les personnalités difficiles », nos deux psychiatres récidivent dans un style tout aussi percutant et perspicace. Pour vivre et s ‘épanouir le petit d’homme a besoin d’un minimum d’amour propre, ou pour être moins affectif et plus objectif, d’« estime de soi ». Que la personne que vous avez comme interlocutrice vous réponde d’une façon tranchée et cohérente en utilisant pour se décrire des termes positifs ou qu’elle apparaisse plus hésitante, se contredisant facilement, en parlant d’elle même d’une manière neutre, très vite vous constaterez une expression bien différente de son estime de soi. La connaissance de ce mécanisme s’impose comme très utile. Trois aspects interdépendants la composent. C’est d’abord l’amour de soi inconditionnelle qui permet de résister à l’adversité et de se reconstruire après l’échec. C’est ensuite la vision de soi, cette idée que l’on se fait de ses défauts et de ses qualités. C’est enfin la confiance en soi qui fonde la capacité d’agir et d’entreprendre. Les bases de l’estime de soi sont acquises dans l’enfance : parents, enseignants, pairs, ami(e)s proches contribuent à l’alimenter dans l’image et la confiance qu’ils renvoient au sujet. L’ensemble de ces déterminants va déboucher sur quatre positions de base. C’est d’abord la haute estime de soi stable : l’individu est serein et sécurisé face à ses valeurs et ses limites. Seconde position possible, la haute estime de soi instable marquée par une certaine fragilité et le besoin de vérifier en permanence la validité de ses qualités. Puis, vient la basse estime de soi stable qui enferme le sujet dans une représentation très dépréciée de lui-même. Enfin, la basse estime de soi instable qui rend l’individu dépendant et réactif aux événements extérieurs qu’ils soient positifs ou négatifs. Les sujets animés d’une basse estime de soi ont plutôt tendance à se réfugier dans les groupes (et sont plus facilement la proie des sectes) ou vivent par procuration en se projetant dans la vie des célébrités. Ceux équipés d’une haute estime de soi la protège en externalisant les causes de l’échec, en évitant toute généralisation, oui encore en se comparant à moins compétent qu’eux. Mais, « selon les circonstances, la plupart d’entre nous adoptent des comportements variables. Parfois, nous nous sentons en confiance et notre estime de soi se montre stable. D’autres fois, parce que nous sommes fatigués et que nous ne nous sentons plus en sécurité, nous adoptons des réflexes qui signent une estime de soi instable ». (p.72) L’estime de soi n’est pas donnée une fois pour toutes. Elle est alimentée en permanence par la volonté de se sentir aimé et de se sentir compétent. En outre, elle se soigne ! Mieux se connaître et s’accepter, être honnête avec soi-même, admettre l’idée de l’échec, s’affirmer et agir peuvent contribuer à la valoriser.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°522  ■ 09/03/2000