La responsabilité en question

R. BRIZAIS, M. LE MARC, B. CAVAT, P. REUNGOAT, CNAEMO/IFRAMES (116 rue de la Classerie 44400 Rezé), 1996, 140p.


A l’occasion de ses XVème Assises tenues à Nantes en mars 1995, le Carrefour Nationale de l’Action Educative en Milieu Ouvert (CNAEMO) avait fait réaliser une enquête nationale sur les représentations des professionnels intervenant en milieu ouvert face à la responsabilité.
Nous avions rendu compte de ce travail dans le n°300 de Lien Social. On trouvera dans ce document édité conjointement par le CNAEMO et l’IFRAMES (Ecole d’Educateurs de Rezé) une présentation des principaux résultats de cette étude commentés par ses auteurs ainsi que par des responsable du CNAEMO qui ont tous pris position à l’encontre des conclusions de la consultation qui faisait -rappelons-le- apparaître une très large majorité de personnes interrogées se prononçant respectivement pour un code de déontologie à 91,3% et un « Ordre » du travail social à 71%.
Reynald Brizais et Michel Le Marc auteur de la consultation proposent notamment un certain nombre de pistes de réflexion.
Ainsi du bénéfice que peut tirer une profession de l’ignorance dans laquelle elle affirme être (pour plus de la moitié des consultés) par rapport au cadre juridique dans lequel elle intervient. Une telle attitude ne protège-t-elle pas d’un point-de-vue imaginaire du risque que le savoir implique. Elle permet aussi de favoriser la « conviction personnelle » au détriment du mandat ou de la mission qui sont plus contraignants ?
On retrouve d’ailleurs cette problématique dans certaines réponses qui placent au coeur de l’action non pas le cadre institutionnel ni la prescription prioritaire du service mais la « demande » de l’usager, avec ce que cela implique de risque de dérive quant à une relation privilégiant la satisfaction de ce qui est demandé hors de toute frustration. Cela va aussi impliquer logiquement d’autant plus d’écart à la légalité, légitimés par ceux qui veulent s’en tenir à cette fameuse « demande ».
C’est peut-être ces dérives par rapport à l’instauration d’une relation instituée avec l'usager qui amènent un fort sentiment d’insécurité et donc une demande de garantie que pourraient apporter illusoirement tant un code de déontologie qu’un « Ordre » du Travail Social.

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°391 ■ 27/03/1997