Guerre de religion et police de la pensée : une invention monothéiste

CASTEL Jean-Pierre, Éd. L’Harmattan, 2017, 219 p.

Contrairement à ce que l’on prétend souvent, affirme Jean-Pierre Castel, les religions issues de la Bible n’ont pas contribué à faire reculer la sauvagerie du polythéisme de l’antiquité. Elles l’ont décuplée. Et ce, pour une raison bien simple. Un Dieu polythéiste n’est pas jaloux des idoles voisines qu’il ne considère pas comme rivales. Bien au contraire, les divinités des peuples vaincus, même subordonnées à celles des vainqueurs, venaient enrichir leur panthéon. Alors qu’un Dieu monothéiste exige un culte exclusif, ne voulant jamais apporter la paix, mais sa paix qui consiste à imposer sa foi, à éliminer ses concurrents et à régner sans partage. Si l’empire romain a persécuté les premiers chrétiens, c’est en tant que secte fanatique qui refusait le service militaire et le culte rendu à l’empereur. C’est à la menace contre leur ordre social qu’ils ont réagi, pas contre un culte. Par contre, quand le christianisme devint religion d’État, il imposa deux milles ans de martyre aux autres croyances, suivant en cela l’enseignement de Saint Augustin affirmant : « il y a une persécution juste, celle que font les églises du christ aux impies » (lettre 185, an 417). Destructions et massacres jalonnèrent sa progression. La forêt de temples qui couvrait l’Europe disparut entre IVème et le V ème siècle. Conversions forcées, chasse aux hérétiques, aux apostats et aux idolâtres, destruction d’objets de culte, éradication de rituels indigènes, autodafés, guerres saintes, bûcher de l’inquisition, discrimination … la terreur théocratique a usé des pires crimes, pour imposer la seule unique vérité absolue : la sienne. C’est bien pour cela que toutes les idéologies totalitaires ont emprunté à l’Église la plupart des paradigmes de son mode de fonctionnement.

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1253 ■ 11/06/2019