L’autorité au collège, mode d’emploi

CAILLAUD Guillaume, Ed. ESF, 2013, 319 p.

L’ouvrage de Guillaume Caillaud est destiné aux enseignants. Ceux-ci y trouveront des explications claires, des exercices pratiques et des tableaux synthétiques, des exemples représentatifs, des témoignages et des mises en situation à la fois éclairantes et pertinentes. Alors même que l’on peut devenir prof, sans n’avoir jamais reçu le moindre conseil quant à la manière de gérer un groupe d’élèves, voilà un petit guide bien utile. Mais si, dans la grande tribu des éducateurs professionnels, les enseignants occupent les plus gros bataillons, chargés de transmettre un savoir et d’apprendre un métier aux jeunes générations, il y en a bien d’autres qui sont parfois confrontés aux mêmes difficultés, pour légitimer leur autorité. Les travailleurs sociaux en général, et les éducateurs spécialisés en particulier pourraient bien trouver là, eux aussi, matière à réflexion. Certes, ils ne privilégieront pas les chapitres portant sur l’organisation spatiale de la classe, ni le maintien de la motivation et de l’intérêt des élèves, pas plus que sur les évaluations en matière d’apprentissage scolaire. Mais, bien d’autres thèmes abordés pourront leur être d’une grande utilité. Ainsi, de la présentation des différentes formes d’autorité réparties depuis le type monarque (la seule présence de l’adulte imposant le respect), jusqu’au type contractuel (relation dans laquelle chacun trouve son compte), en passant par le type leader (le meneur de troupe) ou expert (celui qui en impose par sa compétence), mais aussi le type prestige (à qui l’on voue de l’admiration) ou le type arbitre (celui qui vérifie l’adéquation à la règle). Si chacun se plaît à cultiver l’une ou l’autre de ces approches, en fonction de sa personnalité, il est judicieux de les alterner toutes, pour répondre au mieux à la multitude des situations qui se présentent. Fonder son autorité nécessite la prise de conscience de ses fragilités, comme des sentiments que provoque la confrontation à autrui. C’est aussi réussir à projeter une image qui inspire confiance, en se construisant une estime de soi suffisamment bonne. Mais, c’est tout autant se donner le droit de ne pas être parfait, d’accepter de ne pas être en forme chaque jour et d’assumer de se montrer parfois joyeux, mais aussi triste ou de mauvaise humeur. Si l’autorité que l’on cherche à asseoir s’attache donc à une certaine authenticité, elle se structure avant tout sur le respect inconditionnel de la personne de l’enfant, tant dans son intégrité physique, que dans sa dignité morale, en faisant notamment attention à ces mots ou sous-entendus qui peuvent avoir un effet (positif ou négatif) auquel on ne s’attend pas toujours. Nécessitant la connaissance tant de soi-même que de l’autre, la véritable autorité est celle qui n’a pas besoin de s’imposer.

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1117 ■ 12/09/2013