Handistar 2006 - Carentoir (56)

Pendant deux jours, des artistes porteurs de handicap et des spectateurs valides et porteurs aux aussi de handicap se retrouveront pour une méga fête à Carentoir dans le Morbihan.

Le lecteur de Lien Social commence, à présent, à bien connaître ce festival Handistars qui se déroule au coeur du parc animalier de « La ferme du monde ». Nous nous sommes attachés depuis des années à présenter et à soutenir cette manifestation hors du commun. Cette année, nous ne manquerons pas à cette tradition. L’édition 2005 avait été marquée par la prestation du groupe « Force Majeure » de  l’IEM de Corbeil-Essonnes. Les adolescents de cet établissement ont fait vibrer la foule qui l’écoutait avec leurs chansons poignantes et pleines d’espoir mettant en scène leur handicap et leur joie de vivre. Et puis, il y a eu ces deux géants (le Pontivien et sa femme) déambulant le long des allées, manipulés par sept jeunes en combinaisons de « moutons blancs », de l’IME Ange Guépin de Pontivy, et ce, au rythme des percussions du groupe « Monday Cats » du foyer la Vaunoise de l’Hermitage. La sixième édition qui se déroulera les 10 et 11 juin, se veut encore plus éclectique. On retrouvera bien sûr quelques habitués auxquels se mêleront des artistes venant pour la 1ère fois. « Youplaboum Cirk’ » qui nous fera découvrir les arts du cirque avec la Maison d’Accueil Spécialisée Perce-Neige de Bois-Colombes. L’association « Handi-Notes » de Pornichet en Loire Atlantique qui met en scène des enfants polyhandicapés de 7 à 18 ans qui chanteront au son de petites percussions et d’un synthétiseur. Jean-Claude Chesneau de Challans, auteur compositeur chanteur et musicien qui viendra interpréter cinq titres du CD de chansons à texte qu’il vient d’enregistrer. Les artistes se produiront le samedi de 15h00 à 23h00 (un bal terminant la soirée) et le dimanche de 11h00 à 18h30 (une scène ouverte étant ensuite proposée à tous ceux qui voudront bien y monter). Année après année, le festival Handistars ne désemplit pas : deux milles participants, en 2005. Une moitié du public est composée de personnes elles-mêmes porteuses de handicap : 400 se produisent sur scène et 700 viennent applaudir. L’autre moitié est valide. De nombreuses familles et proches des artistes les accompagnent pour les soutenir, voire les rassurer quand le trac avant de monter sur scène était trop fort. Mais bien d’autres spectateurs participent à ces festivités. Malgré cette importante fréquentation, l’organisation ne s’est pas professionnalisée. Certes, des prestations telles la sonorisation, la restauration (1.000 plateaux repas sont servis), les infrastructures (un chapiteau et une grande scène), l’animation… sont sous-traitées à des professionnels spécialistes de ce genre de manifestation. Mais pour le reste, c’est l’ensemble des personnels et travailleurs handicapés de l’Esat du Bois Jumel (nouvelle dénomination des CAT) ainsi que près de 350 bénévoles qui sont sur le pied de guerre. Dès que la manifestation ferme ses portes, la suivante est déjà en préparation. Au mois de décembre un large mailing est posté, à partir des listings d’adresses composés depuis cinq années : un millier de plaquettes est ainsi adressé aux établissements sociaux et médico-sociaux. Début janvier, les fiches d’inscription sont envoyées aux acteurs et spectateurs des années précédentes. Et puis, il faut gérer toutes les réponses. En ce qui concerne les artistes, on accepte les inscriptions jusqu’au bouclage de la programmation. Pour les spectateurs, la porte du festival est grande ouverte. La place disponible permet de ne pas jouer à guichet fermé. La seule difficulté réside dans l’hébergement. Autant dire que durant ce week-end, le moindre lit est sollicité à cinquante kilomètres à la ronde ! Ce n’est guère facile de loger ainsi près de 300 personnes, surtout que peu de lieux d’accueil sont accessibles aux fauteuils roulants. Depuis 2002, le festival Handistars permet d’attirer du public vers « La ferme du monde ». Mais il offre aussi une image valorisante à l’action culturelle et artistique déployée au sein des établissements sociaux et médico-sociaux. Sans compter qu’il fournit l’occasion à des centaines de personnes de se rencontrer, d’apprendre à se connaître et à échanger. Et puis, il donne des idées à certains. Ainsi, dans une lettre où elle annonce son intention de se rendre en famille au festival, la tante d’Anne Laure, jeune fille atteinte de dyscalculie, écrit : « Depuis longtemps je cherche pour elle une association qui lui permettrait d’exercer sa passion, le chant. Elle aurait aimé intégrer une troupe de jeunes qui aiment la comédie musicale, elle a une belle voix d’alto et chante avec son cœur. Je vous assure que si vous l’entendez, elle vous donnera le frisson comme elle l’a donné à toute sa famille. Et pourquoi pas un festival en Provence. Je suis prête à m’investir dans ce genre de projet, je travaille à Martigues et je connais pas mal de personnes dans cette ville. » Que naisse un, deux, trois …mille festivals de ce type à travers notre pays et pourquoi pas à l’étranger, c’est tout le mal qu’on puisse souhaiter.


Contact : Maryse Gicquelet et Jean-Yves Hercouët, Entreprise de Travail Adapté 9, rue Abbé de la Vallière 56910 Carentoir. Tel. : 02 99 93 70 70 E-mail : contact@lafermedumonde.com 

Jacques Trémintin – Mai 2006