Balayer devant sa porte

Le « manifeste contre le nouvel antisémitisme », paru le 22 avril, demande à ce que « les versets du Coran appelant au meurtre et au châtiment des juifs, des chrétiens et des incroyants soient frappés d’obsolescence, par les autorités théologiques ». C’est l’hôpital qui se moque de la charité ! Car, si on trouve effectivement dans le Coran des appels au meurtre, il y en a infiniment plus dans la Bible, référence commune aux trois religions monothéistes. Le monde qu’on y dépeint est d’une sauvagerie stupéfiante. On y réduit en esclavage. On y viole. On y massacre. Les femmes sont enlevées, achetées, vendues comme objets sexuels. Tout cela avec la bénédiction d’un Dieu qui approuve les tueries dans six cents passages et l’ordonne à cent autres reprises (1). Jéhovah livre même le mode d’emploi pour soumettre une cité rebelle : passer tous les mâles au fil de l’épée, mais préserver les femmes. Les enfermer après leur avoir rasé la tête et coupé les ongles. Attendre un mois, puis les violer. Quant à l’appel au génocide, il est clairement explicité : « Tu ne laisseras en vie rien de ce qui respire ; car tu les détruiras entièrement comme un anathème (…) comme l’éternel ton Dieu te l’a commandé » (Deutéronome, 20:7). Le nouveau testament, qui est infiniment plus mesuré, intrigue néanmoins quand Jésus affirme « ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée. » (Matthieu 10:34–35) ou encore « amenez ici mes ennemis qui n’ont pas voulu que je régnasse sur eux et tuez-les en ma présence » (Luc 19:27). Tous ces textes sacrés sont le reflet de leur époque. Les plus libéraux des croyants les contextualisent, les relativisent et n’en retiennent que les leçons de sagesse. Leur lecture littérale alimente les pires crimes intégristes. Et, cela ne concerne pas une religion en particulier, mais toutes. Ce n’est donc pas l’une ou l’autre qu’il faut stigmatiser, mais leur interprétation fondamentaliste.

(1) « La part d’ange en nous » Steven Pinker, Les Arènes (p.29-36)

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1230 ■ 31/05/2018