Ne pas confondre

Contrairement à une idée reçue, le jeu et le sport n’ont pas les mêmes fonctions.
Du 14 juin au 15 juillet, les amateurs de foot vont se régaler avec la Coupe du monde se déroulant en Russie. Balayés sous le tapis les scandales de corruption de la FIFA ou le pays organisateur exclu six mois plus tôt des Jeux Olympiques d’Hiver pour dopage organisé de ses joueurs. A nous de faire découvrir les vraies et nobles règles du sport trop perverties ?
 
Éthiques contradictoires
Un petit livre* explique combien le jeu libre est avant tout un amusement, un divertissement, un délassement et une récréation. C’est un espace spatio-temporel, un terrain de découverte et de créativité que l’enfant explore et expérimente s’offrant la possibilité d’en détourner les règles et modifier le cours au gré de son imaginaire. Il sait aménager la scène en la peuplant de créatures fabuleuses, avec des objets glanés à droite et à gauche, dans un ordre qui échappe aux ordonnancements. Le sport, quant à lui, est le lieu du culte de la compétition, de l’héroïsation du champion, de la fétichisation de la performance. La mise en concurrence répond à la volonté de soumettre à la domination des plus forts sur les plus faibles. Sa finalité n’est pas dans l’acte accompli mais dans le classement auquel il donne lieu. Il est rivé à l’obligation de produire des résultats qui guident les comportements, l’entraînement étant tourné vers leur accroissement. A lire avant, pendant ou après la coupe du monde !
 
* « Jouer le monde. Critique de l’assimilation du sport au jeu » Ronan David et Nicolas Oblin, Ed. Le bord de l’eau, 2017, (81 p. – 8 €)

 

Jacques Trémintin – Journal de L’Animation ■ n°190 ■ juin 2018