Cow-boys

On soupçonne Mathis d’actes de délinquance. Une nuit, il se fait arrêter par la BAC. L’adolescent raconte le parcours de la voiture de patrouille jusqu’au commissariat : menottage les mains derrière le dos, claques, torsions des parties sexuelles, policier qui s’assoit sur sa figure … Réagissant à sa crise d’asthme, l’agent s’interrompra et, sur les indications du jeune, fouillera dans sa poche pour lui faire respirer trois bouffées de cette Ventoline que Mathis porte en permanence sur lui. Les gifles reprendront après la visite réglementaire du médecin et sa mise en garde à vue : « ils voulaient me faire avouer ». Mathis est-il crédible ? Pour lui, recevoir des taloches des policiers constitue presque un rite de passage attestant de sa virilité : même pas mal ! Il reconnaît que les trois précédentes gardes à vue qu’il a vécues s’étaient bien passées (c’était dans la ville voisine). Il ne met donc pas tous les flics dans le même panier. « Là, je suis tombé sur des cow-boys ». Il est certain que s’il n’avait pas transgressé la loi, l’adolescent n’aurait pas été confronté à une telle violence. Encore que Théo, lui, n’avait rien à se reprocher. Il accuse pourtant un policier de l’avoir sodomisé avec une matraque. Que la police puisse interpeller un citoyen soupçonné d’un acte répréhensible. Qu’elle le contienne s’il se montre par trop agité. Qu’elle se défende s’il l’agresse. Tout cela est légitime. Mais, que certains fonctionnaires de police utilisent le droit de contention qui leur est délégué par la société pour violenter des mineurs est insupportable. Faut-il encourager Mathis à déposer plainte ? Il se retrouverait, comme cela se passe trop souvent, avec une condamnation pour rébellion et résistance aux agents de la force publique. La police accomplit un travail utile et nécessaire. Mais, il est temps de réguler les dérives qui viennent salir cette corporation, en commençant par mettre un terme à l’omerta qui règne dans ses rangs. Il y va de sa crédibilité.

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1203 ■ 16/03/2017