Goldwin

Il est des combats justes qu’il ne faut pas instrumentaliser.
Appeler au boycott des produits issus des colonies israéliennes occupant illégalement la Cisjordanie ? De l’antisémitisme ! Karim Benzema privé de coupe du monde 2016 après sa mise en examen ? Du racisme anti-arabe ! Considérer que le voile intégral est attentatoire à la dignité des femmes ? De l’islamophobie !
 
Combattre l’amalgame
L’antisémitisme, le racisme et l’islamophobie sont insoutenables et insupportables et doivent être âprement combattus, ne méritant aucune espèce de tolérance. Par la loi, tout d’abord, parce que les propos qui s’en inspirent ne sont pas des opinions, mais des délits. Par l’éducation, ensuite, car la transmission des valeurs universalistes permet de combattre les préjugés. Par la fraternité, enfin, parce que rien ne distingue fondamentalement les êtres humains entre eux : être juif, issu de famille maghrébine ou musulman (ou tout autre) ne constitue pas une essence, mais l’un des très nombreux signes d’identité faisant de nous ce que nous sommes. Pour autant, s’attaquer à ces discriminations ne doit pas être un prétexte pour annuler tout débat contradictoire. Ce combat légitime ne doit pas se confondre avec la loi de Goldwin dont on trouve ici un prolongement possible : plus une polémique s’envenime, plus la probabilité est forte qu’intervienne une identification de son contradicteur au nazisme (version originale), l’antisémitisme, le racisme, l’islamophobie (rajoutés ici).
 

Jacques Trémintin – Journal de L’Animation ■ n°180 ■ juin-juillet 2017