L’ivresse de l’image

L’écran au lieu du pétard. Gagne-t-on au change ?
L’Observatoire français des drogues et des toxicomanies rendait fin 2016 son rapport annuel avec un constat étonnant : les jeunes français fument leur première cigarette huit mois et quatre mois plus tard, par rapport à 2005. L’explication n’est pas à chercher du côté des effets de la prévention, mais du transfert de l’addiction à des produits (tabac, cannabis, alcool) vers la dépendance aux réseaux et au multimédia. Près de cinq heures par jour devant les écrans à 11 ans, plus de huit heures à 16 ans : c’est 83 % des ados de 16 ans qui utilisent quotidiennement internet contre 23 %, en 2005.

Savoir raison garder
Dans les années 1950, c’était le cinéma qui était accusé de pervertir la jeunesse, dans les années 1960, la bande dessinée, dans les années 1970 le shit. Nous n’allons pas remettre ça, aujourd’hui, avec les écrans. Chaque nouvelle génération bouscule la précédente, en la déstabilisant avec des pratiques singulières. Dans tous les cas, ce qui reste essentiel, c’est l’éducation à l’usage de ces supports : chaque jeune doit réussir à contrôler sa consommation et en rester le maître et non en devenir l’esclave. Reste que de moins absorber de substance, parce qu’on est trop occupé sur son clavier dit quelque chose de l’évolution de notre jeunesse. Les professionnels de l’enfance et de l’adolescence ne peuvent pas ignorer cette évolution majeure et doivent réussir à infléchir leur pratique en conséquence.

 

Jacques Trémintin – Journal de L’Animation ■ n°176 ■ février 2017