Humain et inhumain

Le 6 novembre dernier, la Cour d’Assise de Douai condamnait le beau-père d’un enfant de cinq ans à la perpétuité ; elle infligeait à sa mère 30 ans de réclusion, pour complicité. Les membres de la famille qui ont assisté à la maltraitance sans réagir sont eux aussi sanctionnés : 3 ans de prison avec sursis. Quant aux deux médecins qui avaient ausculté l’enfant et fourni un diagnostique négligent, ils prennent trois ans de prison avec sursis et respectivement  60.000 et 75.000 euros d’amende. Il est rare que des témoins soient aussi fortement condamnés pour non assistance à personne en danger. L’horreur des faits explique sans doute cette sévérité : à sa mort, l’enfant était couvert d’hématomes, de coupures sur le visage ou les testicules, de brûlures de cigarettes, les côtes fracturées et le bassin cassé. De quoi se mettre à distance d’un tel monstre. C’est difficile d’imaginer partager une même humanité avec l’auteur d’actes aussi barbares. S’il est aisé de rejeter ce qui nous distingue de lui, il est bien plus difficile de nous défendre de ce qui nous fait lui ressembler. Ce meurtrier a su s’identifier, pendant son procès, avec ce que l’opinion publique a sans doute pensé très fort : « J'ai tué un enfant, je mérite la peine de mort. » Toxicomane et victime de maltraitance dans son enfance, cet homme ne se donne aucune excuse. Il est malaisé de lui en trouver. Et pourtant, il nous renvoie ce qu’il y a à la fois d’humain et d’inhumain chez chacun d’entre nous.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°906 ■ 20/11/2008