L’humain est encore vivant

Rendons hommage cette semaine, une fois n’est pas coutume, à une victime et à une administration. Sébastien Delgado, le papa du bébé enlevé en décembre à la maternité d’Orthez, aurait pu participer à la dérive émotionnelle et renforcer le discours sécuritaire ambiant. Tout au contraire, il s’est opposé avec force à l’idée d’une généralisation des bracelets électroniques pour tous les nouveaux nés: « Non aux enfants GPS » a-t-il affirmé, refusant que son cas particulier ne vienne cautionner « les marchés de la surveillance ». Quant à la ravisseuse de son enfant : « cette femme a plus besoin d'un accompagnement psychologique digne de ce nom que de quatre murs avec une gamelle tous les jours». Quelques jours plus tard, à l’autre bout du pays, un drame touche un enfant de 9 ans. Ne supportant plus l’incarcération de son père, ce jeune garçon s’est suicidé. L’administration pénitentiaire et le juge d’application des peines se sont montrés exemplaires. Formulaires, autorisations, escorte pour le détenu : tout ce qui traditionnellement met des semaines à transiter et à s’organiser a été réglé en quelques heures pour permettre à ce père de se rendre deux fois, à 300 kms, au chevet de son fils mourrant et à son enterrement. Le profond humanisme de Sébastien Delgado a montré qu’une victime n’était pas tenue de s’inscrire dans la loi du talion. L’empathie dont a fait preuve l’Etat répressif pourrait apparaître élémentaire, si elle ne se faisait si rare. Bravo !

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°912 ■ 15/01/2009