Les nouvelles délinquances des jeunes - Violences urbaines et réponses éducatives

Jean-Marie PETITCLERC, Dunod, 2001, 177 p.

Ce qui a marqué la fin du siècle dernier, et qui continue à se produire en ce début de millénaire, ce n’est  pas tant l’augmentation de la criminalité globale, mais la véritable explosion de la délinquance des mineurs. L’auteur étaie cette thèse d’une démonstration tout d’abord quantitative : entre 1993 et 1998, on constate une augmentation annuelle de 13,1% des mineurs mis en cause, et de plus de 50% pour les incidents qui se produisent au sein des quartiers. Mais, il évoque aussi une profonde mutation qualitative : la violence est devenue un mode d’expression, un mode de provocation et même un mode d’action : « les jeunes qui recourent à l’usage de la  violence, disposent de peu de mots pour traduire ce qu’ils ressentent » (p.40) De tous temps, la délinquance adolescente a intégré des formes soit initiatique, soit réactionnelle, correspondant à un âge où l’on se doit d’accomplir un certain nombre de deuils : celui des images idéales tant des parents, que de soi-même ou des autres, mais aussi le deuil de sa toute puissance enfantine ou de ses rêves d’enfant. Mais, notre époque, loin de relativiser cette situation n’a fait qu’aggraver cette dérive : effacement du rôle des pères, crise de l’autorité ou encore, décrédibilisation des institutions. Face à un tel état des lieux, Jean-Marie Petitclerc dénonce ce qu’il estime être l’inadéquation de la réponse sociale : effet pervers du discours compréhensif qui aboutit à déresponsabiliser les jeunes (comme si seule la société était en cause dans les actes qu’ils ont posés) mais nécessité de ne pas confondre la personne et son comportement, illusion de la tolérance zéro mais utilité d’une réaction dès le premier délit, effet destructeur de la prison mais nécessité de réhabiliter la sanction comme mode de réponse. L’auteur termine son livre en développant sa propre expérience, celle de l’association Valdocco à Argenteuil, dont il est le directeur et qui s’inspire de la pédagogie de jean Bosco. Le problème de la délinquance est posé ici dans toute sa complexité, sans que ne soit privilégié un aspect plus qu’un autre. La démarche est heureuse, tant il est facile, en la matière, de tomber dans la simplification du café du commerce où chacun a son interprétation et sa solution, là où, manifestement, la lecture à plusieurs entrées s’impose. Il est, par contre, dommage que l’expérience de Valdocco soit ici la seule illustration présentée, dans ce qui ressemble trop à une auto-promotion de la part d’un directeur qui n’a ni la liberté, ni la prise de recul nécessaire pour porter le regard critique attendu. En outre, il est un peu difficile d’arriver à identifier ce qui est vraiment innovant par rapport à ce que mettent en oeuvre bien d’autres associations. Il est, de plus, étonnant que la réparation pénale qui touche 12.000 mineurs ne soit jamais évoquée. On peut aussi, en matière de lutte contre la délinquance, aller voir au-delà d’Argenteuil...

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°581 ■ 21/06/2001