Les publications en sciences humaines sont nombreuses et d’une richesse impressionnante.La lecture de centaines d’ouvrages a constitué, à chaque fois, un moment de plaisir et de grande satisfaction intellectuelle. J'espère que l’internaute trouve dans ces critiques l’envie de se plonger, à son tour, dans ces livres

L’éducateur d’une métaphore à l’autre

Sous la coordination de Jean BRICHAUX, érès, 2004, 248 p.

Les métaphores rendent les idées plus sensibles et le verbe plus accessible. L’image parle plus vite, le cliché frappe plus fort. C’est à ce sens figuré qui confère à la compréhension une forme de fulgurance auquel Jean Brichaux a convié 19 contributeurs, leur demandant de réfléchir au métier d’éducateur. Cela donne un résultat très inégal allant d’une profondeur et d’une intensité tout à fait remarquables à des textes assez imbitables. Parmi les réussites, nous retiendrons

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La société malade de la gestion. Idéologie gestionnaire, pouvoir managérial et harcèlement social

Vincent DE GAULEJAC, Seuil, 2005, 282 p.

Voilà une charge implacable, mais néanmoins fortement argumentée contre une idéologie qui a envahi progressivement tous les pores de notre société. La loi du marché et la compétition généralisée s’imposeraient à tous. Chacun est convoqué au service d’une économie entrée dans une quête de performance et une guerre de position où la seule alternative serait de gagner ou de disparaître. Le capitalisme financier a remplacé le capitalisme industriel : la valeur de l’entreprise est mesurée quotidiennement à

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Les désordres du travail. Enquête sur le nouveau productivisme

Philippe ASKENAZY, Seuil, 2004, 96 p.

La montée du chômage nous a habitués depuis trente ans à ne plus nous interroger sur les conditions de travail, mais sur le seul fait d’en avoir ou pas. Pourtant, les 3.000 accidents de travail qui ont lieu chaque année représentent 3 % de la richesse nationale, soit l’équivalent de plus d’une dizaine de jours fériés ! Le déni collectif de cette réalité tient à la conviction que l’abandon du taylorisme aurait notablement changé la donne : autonomie, responsabilisation, coaching, appui sur le réseau

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Comment protéger l’enfant? Protection, éducation, répression

Gilbert  DELAGRANGE, éditions Kathala, 2004, 250 p.

Gilbert Delagrange nous livre ici ses convictions sur un secteur qu’il connaît bien, puisqu’il a exercé comme Pédopsychiatre pendant 17 ans auprès d’une association de protection de l’enfance. Ainsi, de la méfiance exprimée à l’égard de la médiatisation des situations de maltraitance qui ne rend pas compte du difficile travail de terrain qui va du soupçon à la conviction. Il y a d’abord, dans la majorité des cas, la souffrance de l’enfant qui se manifeste à bas bruit. Il y a ensuite la

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La prévention de la maltraitance des enfants

Laurence MOUSSET-LIBEAU, L’Harmattan, 2004, 213 p.

Beaucoup d’études ont été consacrées tant à la question de la maltraitance qu’à celle de la prévention. Il en existe bien peu sur la prévention de la maltraitance. Laurence Mousset-Libeau explique cette situation par le sort généralement réservé à la prévention dans notre pays. Dans le domaine médical, c’est bien le modèle organiciste et curatif se centrant sur le symptôme de la maladie qui a toujours pris le pas sur la dimension bien plus globale de la santé  intégrant en plus de la personne

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Sexualités adolescentes

Marta MAIA, éditions Pepper, 2004, 252 p.

Le recul du rigorisme moral, la progression de l’hédonisme, la généralisation de l’utilisation des méthodes contraceptives, la libération de la sexualité dans les média ont marqué les trente dernières années, modifiant largement les représentations, les normes et les pratiques sexuelles. Il était intéressant de connaître le vécu des adolescents d’aujourd’hui face à cette évolution. C’est ce que nous propose l’auteur, qui a passé plus de deux ans à effectuer un patient travail d’ethnologie auprès d’un

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Le scandale des tournantes. Dérives médiatiques, contre-enquête sociologique

Laurent MUCCHIELLI, La Découverte, 2005, 124p.

Au cours de l’année 2001, la presse s’est fait l’écho de l’ampleur inégalée du nombre de viols collectifs commis par des jeunes de banlieue, sans valeurs et sans repères, soucieux avant tout de punir les jeunes filles maghrébines qui refusent de vivre soumises. Ce scénario serait terrible autant qu’inquiétant s’il n’était totalement fictif. Laurent Mucchielli en fait la brillante démonstration dans une contre-enquête minutieuse et fort bien documentée. L’auteur commence par déminer un terrain

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En finir avec le placement ou "j’habite chez mes parents"

Gilles CHENET, éditions Jeunesse et droit, 2004, 134 p.

Voilà un ouvrage passionnant qui fourmille d’une réflexion qui démontre la vivacité et la créativité du milieu éducatif … du moins quand celui-ci s’autorise à penser, plutôt que de confier cette tâche à des experts dûment attitrés, chargés de nous expliquer comment nous devons raisonner. Même si le cheminement de Gilles Chenet prête à polémique, ce que nous ferons dans les lignes qui suivent, ce responsable de MECS pose de vraies questions. Il y a d’abord ce titre, provocateur s’il en

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Et si les sdf n’étaient pas des exclus? Essai ethnologique pour une définition positive

Stéphane RULLAC, L’Harmattan, 2005, 148 p.

L’affaire est entendue, ces sans logis qui peuplent nos centre villes sont désocialisés, désaffiliés, acculturés, déculturés, anomiques, malades mentaux, délinquants et pour tout dire victimes. Mais, voilà que Stéphane Rullac vient bousculer nos certitudes et nous semer le doute : et si ces catégorisations marquaient avant tout la réaction d’une majorité de la population déstabilisée face à une minorité qui défie les règles de vie, tout en questionnant les représentations communément admises en terme

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Sdf, l’obscénité du malheur

Pierre BABIN, érès, 2004, 122 p.

Quoi de plus sympathique qu’un psychanalyste qui ne se contente pas d’attendre dans son cabinet la demande d’éventuels clients, mais qui offre bénévolement ses services à Médecin du monde, pour proposer une offre d’écoute aux sans logis ? Quoi de plus crédible qu’un psychanalyste qui reconnaît qu’« il a fallu largement plus d’un siècle pour accepter de reconnaître que Freud a lu Sophocle avec les lunettes du désaveu » (p.44). Rappelons que le père de la psychanalyse n’a repris du mythe d’Œdipe que ce qui lui

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