Vous avez dit "pervers"?

Le Directeur du centre aéré convoque Ludmilla. C’est grave : elle a incité ses copines à aller « sucer les garçons ». L’enfant, âgée de 8 ans, se fait sévèrement tancer. En pleurs, elle ne comprend pas ce qu’on lui reproche. Les filles se précipitaient sur les garçons, rejouant à la « guerre des boutons », le film qu’ils étaient allés voir, au cinéma. Grande lectrice de romans se déroulant au Moyen-âge, elle n’avait fait qu’adapter l’expression « sus aux anglais » qu’elle y avait lue, en criant « sus aux garçons » ! Cette maman entend le dialogue de sa fille de 13 ans avec Bastien, 7 ans, dans la pièce d’à côté. La grande sœur s’était mise en tête de maquiller son petit frère. Devant les réticences de l’enfant, elle lui dit : « après, tu pourras me demander ce que tu veux ». Le garçon se laissa faire. Ensuite, il s’adressa à sa grande sœur : « tu me laisses caresser ta chatte ? ».  Furibonde, la mère surgit alors dans la pièce et reprend violemment son fils, exigeant qu’il lui dise où il avait appris à dire cela. Juste le temps d’apercevoir, stupéfaite, Bastien … en train de caresser la chatte blottie dans les bras de sa fille. Quand on parle des dérives un peu trop précoces en matière de sexualité de la part de nos enfants, on a parfois raison. Mais, il faut sans doute balayer aussi devant notre porte et faire attention aux fantasmes que nous, les adultes, nous projetons sur les plus jeunes qui ne sont pas toujours aussi pervers qu’on se l’imagine.

 

Jacques Trémintin – Journal De l’Animation ■ n°125 ■ janvier 2012