Quand le mieux est l’ennemi du bien
La prévention de la délinquance, comme celle des mauvais traitements, comporte son lot d’effets pervers. Ainsi, cet éducateur de la Protection judiciaire de la jeunesse chargé par sa hiérarchie d’accompagner une procédure de rappel à la loi, pour un môme qui avait commis l’imprudence, lors d’un contrôle de police … de ne pas porter sur lui le justificatif de son assurance de scooter. Si une telle infraction mérite d’être relevée, mérite-t-elle, pour autant, d’encombrer les services éducatifs du ministère de la justice ? Les cellules départementales chargées depuis la loi de 2007, de gérer les informations préoccupantes en matière d’enfance en danger, ne sont pas en reste. Elles connaissent un net accroissement du nombre de leurs saisines. On peut se demander si, en la matière, trop d’informations ne risquent pas de tuer l’information, et si des transmissions trop hâtives ne menacent pas de court-circuiter toute communication entre adultes ? Ainsi, de ce lieu d’accueil éducatif faisant l’objet d’une information préoccupante, de la part d’un enseignant de collège, inquiet de constater que l’élève qui y était placé, présentait des problèmes d’hygiène et ne possédait pas ses affaires de classe ! N’aurait-il pas été plus pertinent d’en parler d’abord aux responsables éducatifs ? Non, l’établissement a préféré s’adresser directement à la cellule ! A quand une saisine, le jour où cet élève n’aura pas rendu son devoir de math, en temps et en heure ?
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1047 ■ 26/01/2012