C’est au pied du mur qu’on voit le maçon

En Moselle, à la veille de noël, huit instituteurs ont décidé de se mettre en arrêt de travail pour « choc psychologique », protestant ainsi contre un groupe d’élèves de CM1-CM2 faisant régner la terreur dans leur école. Ce fait divers pourrait faire croire qu’on devrait mieux former les enseignants à faire face aux enfants, aussi difficiles soient-il.

Jamais si facile
Gabriel Cohn Bendit n’affirme-t-il pas, dans son dernier ouvrage*, que l’un des préalables avant d’exercer cette profession serait de passer son Bafa, considérant ainsi l’expérience dans l’animation comme un gage de compétences dans la gestion de groupes ? Bel hommage rendu à ce métier ! Mais, en réalité, ce n’est pas si simple. Il existe aussi des animateurs qui sont dépassés et bien des enseignants qui réussissent à contenir leurs élèves. Et ce, alors même qu’il est infiniment plus difficile de canaliser des enfants dans une démarche d’apprentissage scolaire, que dans des activités ludiques. L’éducation impliquant toujours une frustration, parce qu’elle impose le sursis du passage à l’acte et la mise à distance de la pulsion, la confrontation à l’immaturité du petit d’homme constitue un éternel défi. Et si l’éclairage des livres et des formations théoriques est utile et précieux pour comprendre et interpréter, c’est quand même dans l’épreuve du feu, qu’on y arrive ou pas, en combinant à chaque fois, ce que l’on sait déjà faire et ce que l’on croit devoir faire.

* « Pour une autre école. Repenser l’éducation, vite ! » Gabriel Cohn Bendit, Ed. Autrement, 2013

 

Jacques Trémintin – Journal de L’Animation ■ n°147 ■ mars 2014