Choix cornélien

Le nombre d’enfants étrangers adoptés en France est passé entre 2005 et 2012, de 4.000 à 1.500. Sur les 2.300 enfants adoptables de nationalité française (contre 10.000 en 1985), 600 le seront. Si l’on compare avec les 7.000 agréments accordés chaque année, se rajoutant aux 30.000 familles déjà agréées en attente d’un enfant, on mesure la déception et l’interrogation. Pourquoi un tel décalage ? Pour ce qui est de l’adoption internationale, les pays d’origine ont durci les conditions imposées. A l’échelon national, bien des raisons expliquent l’absence d’adoption de ces enfants : séquelles psychologiques, état de santé, handicap, échec d’adoption, refus de l’enfant, âge élevé, appartenance à une fratrie. Est-on en train de vivre la fin d’une exception, la France étant le deuxième pays au monde, pour le nombre des adoptions qui s’y pratiquent ? On peut s’en réjouir, si cela devait signifier que les pays d’origine redoublaient d’efforts pour prendre en charge leurs orphelins. Mais, malgré quelques progrès constatés, les orphelinats ne semblent pas vraiment se vider. On peut le déplorer, en considérant que des tas de mômes vivant dans des conditions sordides et à qui l’adoption internationale aurait pu offrir une nouvelle chance, vont payer le réflexe patriotique de leur pays d’appartenance. Mais, peut-on continuer à privilégier l’expatriation d’enfants arrachés à leurs racines, pour combler le désir d’enfants de couples occidentaux ? Qu’il est difficile de trancher.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1087 ■ 20/12/2012