Drogue - échec de la répression
Constat implacable du professeur Reuter, Président de la commission européenne des stupéfiants: « la majorité des dommages observés proviennent des politiques menées, plutôt que des drogues elles-mêmes ». Son rapport, publié le 10 mars, explique que le nombre des usagers consommant du cannabis a diminué, mais ceux qui utilisent de l'héroïne et de la cocaïne ont augmenté. Les prix au détail ont baissé dans les pays occidentaux, y compris dans les pays qui ont durci leur législation contre les dealers. Se fournir en produit est de moins en moins difficile et ce, malgré le contrôle des zones de production. « La prohibition des drogues a provoqué des dégâts involontaires importants, dont beaucoup étaient prévisibles » continue le rapport : non seulement, la guerre à la drogue n’a pas démontré la moindre efficacité, malgré son coût important, mais la prohibition qu’elle prône a favorisé la corruption, la grande criminalité et la prise de risques sanitaires par les usagers. Que vont faire nos dirigeants face à cet échec criant ? Selon le principe qui veut que moins ça marche, plus on fait de la même chose, on peut craindre un accroissement de la répression. Deux experts avaient évalué en 1995 le coût du traitement judiciaire des affaires de stupéfiants à plus de neuf milliards d’euros. Et cela n’a pas vraiment du diminuer depuis. Juste une petite question : avec un tel budget, combien de postes de prévention, d’écoute et d’accompagnement pourrait-on créer ?
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°923 ■ 02/04/2009