Ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain
Le 28 janvier 2009, un rapport parlementaire a proposé d’inscrire l’inceste dans le code pénal. Un tel projet doit être reçu avec prudence. C’est le code Napoléon de 1810 qui a laïcisé les pratiques sexuelles : plus aucune d’entre elles ne devait pouvoir être qualifiée de délit ou de crime, dès lors qu’elle relevait d’un choix privé et qu’elle était consentie entre partenaires adultes. Cette dépénalisation ne concerne ni les mineurs, ni les personnes vulnérables que la loi protège (et c’est fort bien ainsi), tout comme les outrages sur la voie publique. L’inceste constitue un terrible fléau qui affecte un million de personnes dans notre pays. Ce qui pose problème aujourd’hui, ce n’est pas tant la carence de la législation pour réprimer ces agressions, que l’absence de moyens pour les prendre en charge, les classements sans suite par manque de preuve et dans une bien moindre mesure (mais ça existe) les fausses allégations. Cela fait deux siècles que la loi ne se mêle plus de la façon dont les citoyens entendent parvenir à l’orgasme, dans l’intimité de leur vie. Déroger à cette règle, en y citant l’inceste, c’est créer un précédent et prendre le risque de voir pénaliser un jour des singularités sexuelles jugées perverses : bestialité, sado-masochisme, fétichisme, flagellation etc... Rappelons que l’interdiction de l’homosexualité n’a été abolie dans notre pays qu’en 1982 et que 80 des 200 pays membres de l’ONU continuent à la criminaliser.
Jacques Trémintin – non paru février 2009