Chacun son handicap
Deepak Kumaren, petit garçon de sept ans, est né avec quatre jambes et quatre bras. En occident, ce handicap particulièrement invalidant aurait valu à l’enfant, il y a encore quelques décennies, une place dans un cirque. Il aurait attiré la curiosité malsaine de milliers de spectateurs qui auraient payé très cher pour voir cette anomalie de la nature. En Inde, son pays de naissance, cela lui vaut la dévotion des adeptes de Vishnou, dieu aux quatre bras. « Il y a des gens qui me donnent de l'argent, des fruits et des bonbons. Quelquefois je reçois aussi des fleurs » explique l’enfant qui ignore qu’ici, il aurait plutôt reçu des pierres ! Chez les Kel Tamasheq (Touareg du nord Mali), les critères qui empêchent individu de remplir son rôle normal, ce sont l’âge avance ou au contraire l’immaturité qui provoquent un trop grand état de dépendance), la laideur qui réduit les chances de mariage, mais aussi, sans qu’on sache pourquoi, la profusion des tâches de rousseur, le nombril protubérant, ainsi qu’un postérieur flasque ou étroit. Les canons de la beauté sont très différents selon l’époque historique et les continents. La représentation du handicap n’est jamais qu’une construction culturelle, propre à chaque société. Dans l’infini diversité des approches de l’espèce humaine, ce qui est déficience pour les uns peut être une excellence pour les autres. De quoi nous inspirer la plus grande humilité et relativiser nos regards sur ces personnes autrement capables.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°968 ■ 15/04/2010