Tout excès nuit
Arnaud a 16 ans. Il est apprenti boulanger. Pour s’amuser, il pose sur la fenêtre du rez-de-chaussée du collège où il était l’année précédente des pétards à mèche qu’il fait joyeusement péter, provoquant une vive émotion. Il a beau s’enfuir, il est reconnu et promptement dénoncé aux gendarmes qui viennent l’interpeller. Passage par le collège où il se fait vertement engueuler, par le Directeur. Puis, direction la gendarmerie où l’on prend ses empreintes. On lui ordonne de se déshabiller. Il se retrouve bientôt en caleçon. Il est pris en photo. Prévenu, son père vient le chercher. Un gendarme les convoque oralement pour venir ultérieurement procéder à une empreinte génétique. Ce que le père refuse. Le procès verbal de rappel à la loi qui a été établi impliquant la commission d’une infraction, la procédure est donc légale. Effet pervers de la tolérance zéro ou saine précaution ? Poser la question, c’est y répondre. A moins d’imaginer que jouer à 16 ans avec des pétards à mèche serait prédictif d’une carrière de terroriste jetant des bombes, on ne peut que s’interroger sur ce curieux excès de zèle. Coïncidence ? Arnaud est noir. Ses parents ont déposé plainte récemment contre un groupe de jeunes qui avait mis le feu à son cartable. Mais, il n’y a pas eu de poursuites et ce, malgré l’aveu des adolescents, lors de leur audition. La dérive qui nous pend au nez, est-ce la pénalisation du moindre acte de transgression d’un gamin, surtout s’il n’a pas le bon faciès ?
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°972 ■ 06/05/2010