Au milieu du gué

Un sondage commandé par le collectif Autisme révélait, il y a de cela quelques semaines que seulement 29 % de la population et 18 % des enseignants étaient acquis à l’idée de l’intégration des enfants atteints d’autisme au sein de l’école ordinaire, contre respectivement 62 % et 68 %, favorables à leur scolarisation en établissement médico-social. Ces résultats ne sont guère étonnants. L’Italie a choisi de renoncer à tout accueil spécialisé : dès qu’une classe d’école comporte deux enfants porteurs de handicap, un second enseignant est nommé. Certains Lander allemands posent de strictes conditions, pour la sortie de ces mêmes enfants des institutions adaptées et leur admission dans une classe ordinaire.  Notre pays a opté, depuis 2005, pour une voie moyenne. Il pose, comme un droit inaliénable, la scolarisation de tout enfant dans un établissement de l’Éducation nationale, tournant le dos à la solution allemande. Mais il ne permet pas que ce défi soit relevé dans des conditions décentes, comme le fait l’Italie. Avec des « aides à la vie scolaire » mal payés et confrontés à un statut précaire, qui peuvent se succéder à raison de trois ou quatre auprès du même enfant, dans la même année scolaire. Avec des enseignants, recevant au mieux quelques heures d’information, pour faire face à des déficiences qu’ils découvrent au jour le jour. Aucun doute, si l’on choisit de vivre les uns à côté des autres, dans le respect des différences, il faudra s’en donner les moyens.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1017 ■ 05/05/2011