Rêvons, un peu

Un film qui fait exploser le box office (« Intouchable »), une série télévisée à l’humour ravageur (« Vestiaires »), W9 qui programme « J'en crois pas mes yeux » (Brèves - J'en crois pas mes yeux )… Quant au dernier disque de Julien Clerc, un magnifique texte de Gérard Manset s’en détache « Sur la plage, une enfant » : la rencontre d’une petite fille lourdement handicapée. Tout en finesse et en retenue, le poète décrit : « Ne le voyez-vous pas /qu’on lui passe à son pied/ce qu’elle ne pourrait pas/ une simple sandale/ qu’elle ne saurait lacer ». Pendant des années, des militants d’associations, au premier rang desquels on doit rendre hommage à ceux de l’APF, de l’UNAPEI ou de l’APAJH, se sont battus avec ténacité et courage, pour faire entendre la voix des personnes porteuses de handicap… avec, quand même, parfois, le sentiment de prêcher dans le désert. Et puis, voilà qu’une médiatisation inattendue prend leur relais et leur offre l’une des meilleures cartes de l’intégration tant attendue : l’humour.  Est-ce une bulle de savon qui va éclater, une lubie passagère venant en chasser une autre ? Ou, est-ce là, le signe d’un vrai déclic ? Imaginons que les spectateurs de ces fictions se mettent à faire pression sur leur municipalité ou leurs commerçants, pour accélérer l’accessibilité des lieux ouverts au public. Qu’ils s’écrient qu’une AAH à 743,62 €, c’est juste de quoi ne pas crever. Qu’ils exigent plus d’AVS dans les écoles. Ils auraient alors tout compris. Après tout : c’est bientôt Noël !

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1041 ■ 01/12/2011