On ne frappe pas!

Le policier qui avait tabassé un lycéen, le 24 mars 2016, a expliqué avoir voulu viser le « plexus » mais « lorsque mon bras s'est lancé, la tête s'est baissée et c'était trop tard pour s'arrêter ». Ben voyons ! Et l’instituteur condamné le 2 juillet 2013 à 1.000 euros d'amende avec sursis, pour avoir humilié une élève de CM1 ? La trouvant top lente, il lui avait collé un papier sur le front. A l’image du policier, il s’apprêtait sans doute à fixer un document au tableau, quand la fourbe se serait glissée entre la feuille et le support. Et cette mère de famille condamnée le 14 septembre à un mois de prison avec sursis pour avoir donné une gifle à son fils de 10 ans ? Elle agitait sa main et le perfide se serait précipitée dessous ! Les chérubins que nous côtoyons à la maison ou au travail sont parfois pénibles, énervants, voire épuisants. L’envie nous démange sans doute de leur allonger une paire de taloches. Comme cela peut nous tenter face à un patron tyrannique, un voisin insultant ou un interlocuteur qui porte des accusations infondées et dégradantes… au risque de passer devant la justice. Les règles du vivre ensemble nous imposent, sous peine de sanction pénale, de contenir les pulsions de violence qui, en certaines circonstances, nous agitent potentiellement. Pendant des années, seuls les enfants n’étaient pas protégés pas cette loi : ils pouvaient recevoir des coups, sans que cela n’aie comme autre justification que de leur apprendre à obéir. Ce n’est finalement que le 22 décembre dernier que les députés ont voté un nouvel alinéa à l’article 371-1 du code civil (voté en première lecture le 2 juillet) excluant de l’exercice de l’autorité parentale « tout traitement cruel, dégradant ou humiliant, y compris tout recours aux violences corporelles », faisant ainsi de notre pays le 45ème dans le monde à proscrire les sévices physiques infligés aux enfants. Reste l’essentiel : l’action pédagogique pour leur substituer d’autres formes de sanction.

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1199 ■ 18/01/2017