Les réseaux sociaux jouent un rôle central dans les mouvements politiques et sociaux. À peine Face de bouc avait-il terminé de convoquer des apéros géants au cœur des villes début 2010, que le célèbre réseau caprin servait de signe de ralliement au printemps arabe. En 2016, il fut utilisé, à son corps défendant, pour manipuler l’élection de  Donald Trump. Fin 2018, il fut l’un des ferments du mouvement des gilets jaunes. Comment le qualifier ? Révélateur, déclencheur ou facilitateur ? Influençeur, agitateur ou instigateur ? Dénonciateur, dénigreur ou délateur ? Accusateur, plaideur ou diffamateur ? Défouloir, exutoire ou échappatoire ? On y trouve le pire comme le meilleur. Instrument de démocratie directe donnant la parole à chacun, il libère tout autant les instincts les plus bas vomissant une haine d’autant plus abjecte qu’elle est anonyme. Support de communication rejetant la pensée dominante et offrant aux minorités un espace d’expression, il est parfois confisqué par des obsédés du clavier ou des adeptes des invectives les plus extrêmes. Outil favorisant le circuit court de l’information affranchie de toute censure, il est souvent instrumentalisé par les rumeurs, les fausses nouvelles et autres impostures. Le comptoir du café du commerce y a trouvé une formidable extension : tout le monde ayant un avis sur tout, chacun(e) peut afficher son opinion, agonir celle des autres ou propager une info décontextualisée. La seule différence, c’est qu’il n’y a pas de tournée générale pour saluer le bon mot ou la vanne applaudie par son public. La question n’est pas de savoir si ces réseaux ont une bonne ou une mauvaise influence, s’il joue un rôle néfaste ou bienfaisant ou encore si l’on est pour ou contre. Ils existent et il faut faire avec. Je propose d’ailleurs au lecteur de continuer cette discussion en n’hésitant pas à me contacter sur mes nombreux comptes dont l’existence ne fait aucun doute : @Tuitaire, @Amstramgram, Nazchat, ou encore Onsentape.

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1246 ■ 05/03/2019