Cinq ans de prison ferme infligés à un aide soignant ayant violenté une femme de 98 ans. Au-delà de ce fait divers, le tableau est sombre : atteinte au respect de nos aînés quand leur accompagnement est géré à la chaîne, minuté et réduit à des gestes mécaniques ; personnel en sous-effectif, pas toujours remplacés quand ils sont malades (alors qu’il en faudrait 1 par résident, leur le ratio n’est que de 0,61) ; salariés sous-payés, non reconnus, non soutenus. La honte qu’inspire cette situation atteint son comble, quand on sait que 25 % des EHPAD relèvent du privé, dégageant jusqu’à 15,5 % de marge bénéficiaire, fournissant ainsi de juteux dividendes. Tout cela est révoltant. Mais, il ne faudrait pas que cette dégradation et cette marchandisation envahissantes empêchent de valoriser la gentillesse, la bienveillance et la douceur avec lesquelles beaucoup de professionnel(le)s accompagnent les personnes âgées. C’est au quotidien, dans ces petits riens de tous les jours, que les marques d’attention, d’altruisme et de prévenance se constatent. Le ton chaleureux adopté, le souci de toujours s’adresser à la personne pour nommer et expliquer l’acte de soin ou d’hygiène qui va être accompli, le souci de la sécuriser. Le chemisier que l’on change d’un jour sur l’autre, le foulard que l’on noue délicatement au cou de la personne, le parfum dont on la vaporise. Il y a là un respect du sujet, une humanisation de sa fin de vie et une préservation de sa dignité qui pour être remarquables ne sont pas toujours remarqués. Alors oui, il y a parfois des établissements sacrifiant le bien-être à l’augmentation du seul profit. Il y a certainement des personnels qui se sont trompés d’orientation, indignes de pratiquer l’aide à la personne. Il y a certains de nos anciens qui vivent une fin de vie odieuse. Ce scandale doit être dénoncé. Mais sachons aussi rendre hommage aux professionnels qui ont à cœur de bien accomplir leur travail et aux institutions qui les y aident.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1249 ■ 16/04/2019