Fille, garçon, grandir dans notre société

Les stéréotypes sont-ils toujours présents ? Qu’en est-il au niveau de la petite enfance ?

Que l’on soit parent, enseignant, animateur, l’éducation des enfants se heurte à une question incontournable : doit-on préparer un garçon et une fille à devenir des adultes de la même manière ?
La culture, la coutume, la tradition les habitudes acquises semblent répondre à cette question d’une manière évidente : quoi de plus différent qu’une fille et un garçon ? Quoi de plus distinct qu’un homme et une femme ?

L’objet de cette intervention ne consistera pas à revendiquer des certitudes, mais plutôt à semer le doute et à amener chacune et chacun à mettre au travail ce questionnement et à y apporter sa propre réponse, éclairée par un certain nombre de réflexions argumentées qu’il me revient d’avoir à apporter.
Nous allons commencer par éclaircir les différences entre les hommes et les femmes.
Nous continuerons par un détour historique replaçant en perspective ces distinctions.
Nous nous intéresserons ensuite aux rôles traditionnellement attribués aux hommes et aux femmes.
Enfin, nous terminerons par les conséquences en matière éducative.
 

1- Entre nature et culture

1-1 De l’essentialisme…

Pour commencer, posons le cadre dans lequel le débat se tient. Chacun adopte un positionnement se situant sur une échelle dont les deux extrêmes sont occupés, d’un côté par la vision essentialiste qui naturalise les spécificités sexuelles et de l’autre par la conception culturaliste qui en fait avant tout un phénomène culturel.

La vision essentialiste s’appuie sur les différences biologiques qui s’imposent à la vue de tout le monde. Pas forcément visibles dans l’enfance, les spécificités s’imposent à la puberté, en relation avec la production d’hormones spécifiques produites par les ovaires chez les femmes (œstrogène) et par les testicules chez les hommes (testostérone).

Ces spécificités se manifestent au niveau des organes de reproduction (pénis pour l’homme, vulve pour la femme), du développement squelettique et musculaire (élargissement des épaules chez l’homme, du bassin et de la poitrine chez la femme), de la tessiture de la voix (plus grave chez l’homme, plus aiguë chez la femme dont les cordes vocales sont plus petites), de la pilosité (sur la face et la poitrine chez l’homme, pas chez la femme), de la fonction respiratoire et cardiaque plus rapide, de l’ossature plus légère mais de la plus grande souplesse, de la proportion graisseuse plus forte et du développement musculaire moindre chez les femmes que chez les hommes, etc.

De ces distinctions physiologiques est née la conviction de qualités tout aussi distinctes au niveau du caractère. Il y aurait des spécificités propres à la féminité et à la masculinité.

Ainsi, les qualités féminines seraient : la réceptivité, l'altruisme, l'empathie, la sensibilité, la délicatesse, la patience, la compréhension, la collaboration, la générosité, la tendresse, la compassion, la grâce, le charme, l’élégance, le raffinement, la docilité, la soumission …

Quant aux qualités masculines, on pourrait les relier à la force physique et à la puissance, au courage et à l’héroïsme, à la résolution et à la constance, au respect de soi et au sens de l'honneur, à la solidité et à l’énergie, à la fermeté et à la vigueur, à l’agressivité et à l’ambition, à la rationalité et au sens technique sans oublier le goût de la domination.

Cette conception essentialiste a été très bien illustrée par l’ouvrage de John Gray « Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus ». Mars étant le dieu de la guerre et Vénus la déesse de l'amour, deux univers, deux fonctions, deux langages semblent donc aux antipodes l'un de l'autre.


1-2 … au culturalisme

A l’opposé de cette perception naturaliste, la vision culturaliste s’est inscrite dans une recherche que l’on a appelé Gender studies, parfois traduite par « études de genre », « études sur le genre » ou « théorie du genre ».

Pour cette école, la distinction entre sexe et genre se réfère à la différence entre le biologique et l’anatomique d’un côté et l'identité construite par l'environnement psychologique, mental, social, économique, démographique, politique de l'individu, de l’autre. Si le sexuel distingue entre homme et femme, le genre répartit entre féminité et masculinité, en fonction du processus social au cours duquel l’individu acquiert les caractéristiques de l’un ou de l’autre genre.

Ce à quoi il faudrait rajouter l’identité sexuelle (à quel sexe le sujet s’identifie) et l’orientation sexuelle (vers quel sexe la personne est attirée).

Il conviendrait donc d’être attentif à quatre dimensions de tout un chacun : son sexe biologique (mâle ou femelle), son genre (masculin ou féminin), son identité sexuelle (homme ou femme) et son orientation sexuelle (homosexuelle ou hétérosexuelle, bisexuelle) !

Ce qui peut devenir un peu compliqué, si l’on s’essaie aux différentes combinaisons possibles :
- un mâle, à qui la société attribue le genre masculin qui se sent homme et qui a une orientation hétérosexuelle
- une femelle, à qui la société attribue le genre féminin qui se sent femme et qui a une orientation hétérosexuelle
- un mâle, à qui la société attribue le genre masculin qui se sent homme et qui a une orientation homosexuelle
- une femelle, à qui la société attribue le genre féminin qui se sent femme et qui a une orientation homosexuelle
- un mâle, à qui la société attribue le genre masculin qui se sent femme, qui devient transsexuelle et qui a une orientation hétérosexuelle
- etc …

L’ethnologie nous démontre que cette réalité que l’occident semble découvrir a toujours fait partie de l’histoire de la culture de l’humanité.

Dans près de 150 tribus d’amérindiens, les individus attirés par des êtres du même sexe se trouvaient affublés d’un troisième genre. Ils étaient désignés comme “ deux esprits ”, “ homme-femme ”, ou encore “ femme-homme ”. Un sujet de sexe féminin, mais de genre “ femme-homme” pouvait très bien se marier avec une autre femme. Si l’on peut considérer -en reprenant des concepts complètement anachroniques dans ce contexte- qu’il y avait homosexualité dans l’orientation sexuelle, du point de vue de la société d’appartenance, il s’agissait d’hétérosexualité (puisque les deux individus ne partageaient pas le même genre tel que défini par la société). Un couple de même sexe biologique étant par définition stérile, un amant officiel pouvait alors procurer sa semence et permettre la naissance d’un enfant sans pour autant prétendre à aucun droit sur celui-ci.

De même, en Afrique, dans la population Azandé, il était parfaitement admis que les guerriers prennent pour femme un jeune garçon jusqu’à ce qu’intervienne son mariage avec une femme, la plupart de celles disponibles étant monopolisées par quelques hommes âgées et puissants (polygynie).

Dans d’autres sociétés, le mariage n’était permis qu’une fois qu’il y avait eu relation sexuelle avec un autre partenaire que celui avec qui la femme va se marier. Ainsi, chez les Samo, au Burkina Faso, une fille ne peut être remise à son mari qu’une fois qu’elle a eu un enfant avec un amant de son choix. Cet enfant sera considéré comme le premier-né du mari.

Chez les Nuer, au Soudan, si le père vient à décéder, un parent proche procréera au nom du défunt avec sa veuve, sans jamais avoir d’autre titre de parenté que celui correspondant à sa place (oncle, cousin …). De même, une femme stérile bénéficie du même statut que l’homme, et, comme lui, peut hériter, se marier et avoir des enfants, sa « femme » étant fécondée par l’entremise d’un domestique.

Après avoir illustré la diversité des modes relationnels entre homme et femme, un détour par l’histoire s’avère nécessaire pour mieux la comprendre.
 

2- Une petite histoire des relations entre les hommes et les femmes

2-1 Du matriarcat …

C’est le juriste suisse Johann Jacob Bachofen (1815-1887) qui, le premier, a émis l’hypothèse d’une préhistoire marquée un temps, par le pouvoir tant domestique que politique des femmes. Cette conviction, contestée et tombée en désuétude au début du XXème siècle a repris de la vigueur dans les années 1970, avec l’essor du féminisme.

Certains historiens contemporains comme Michel Rouche1 ont repris cette idée, décrivant les débuts de la civilisation humaine comme dominée par le matriarcat. La division du travail qui avait réservé aux hommes la chasse, s’explique en partie par le simple fait qu’il n’est guère facile de courir après le gibier, quand on est enceinte ou qu’on allaite un bébé …

Lorsqu’il y a environ dix mille ans, l’agriculture commença à être pratiquée, c’est sans doute les femmes, déjà coutumières de la cueillette, qui s’en occupèrent. De là, pourrait venir le prestige féminin et donc son pouvoir, le travail agricole permettant de stocker des réserves de nourriture en quantité jusqu’alors inconnue. C’est de cette époque que l’on retrouve les représentations artistiques de déesses aux formes rebondies, symbole de la fertilité. Tout part alors du ventre fécond de la mère qui est largement divinisée. Le mode d’organisation de la société est conçu autour des femmes. Ce sont bien ces dernières qui choisissent leurs époux. Ceux-ci se succédant ou cohabitant, la multiplicité des conjoints rend impossible l’identification du père. C’est donc l’oncle maternel à qui revient la tâche d’éduquer l’enfant qui naît. Le père n’est donc pas biologique, mais adoptif. La consanguinité domine ainsi que l’endogamie : l’inceste mère/fils n’est pas une exception mais une règle.

Ce matriarcat initial s’éteint définitivement quand le patriarcat s’impose, aux environs de 900 avant notre ère. Il s’agit alors d’arracher l’enfant au ventre de sa mère, le père devenant le seul apte à le faire advenir à une naissance sociale.

2-2 … au patriarcat

S’il est bien une tradition millénaire, c’est bien l’affectation des femmes à des tâches répétitives d’entretien, le devoir qui leur est fait de se soumettre et d’obéir aux mâles, leur mise à l’écart des zones du savoir et du pouvoir, la négation de leur statut de personne apte à décider de leur sort et d’œuvrer pour le bien commun, le rapport homme/femme construit sur le même modèle que le rapport parent/enfant, aîné/cadet, antérieur/postérieur.

L’asymétrie fonctionnelle physiologique entre les sexes n’a aucune raison de déterminer automatiquement une asymétrie absolue des responsabilités et des engagements. On a certes pu évoquer la fragilité constitutive ou l’essence inférieure des femmes. Mais, une telle faiblesse, si elle existait vraiment, aurait appelé plus de protection que de force et de contrainte. Les croyances qui fondent les comportements discriminatoires de la part des hommes font bien plus penser à de la peur et de la défiance.

L’explication proposée par l’ethnologue Françoise Héritier2 répond volontiers à ce mystère. Les hommes ne peuvent se reproduire par eux-mêmes et doivent passer par les femmes, pour faire des enfants en général et des fils, en particulier. Ils doivent donc, à la fois s’approprier le corps féminin et tenter de le contenir dans sa fonction reproductrice. La domination n’a rien à voir avec l’anatomie différente, des manières de penser ou d’agir qui seraient distinctes. Ce n’est pas tant le sexe masculin qui explique la sujétion, mais la capacité de fécondité et la mise au monde d’un garçon qu’elle recèle. Les hommes échangent, entre eux, le corps de leurs filles et de leurs sœurs qu’ils prétendent posséder. Entre d’autres mains, elles deviennent des épouses fécondes, silencieuses, prudes, chastes, honorables et faiseuses de fils. Et tout corps de femme qui n’est pas approprié, gardé et défendu par un propriétaire, appartient potentiellement à tout homme dont la pulsion sexuelle est à assouvir. Dans de nombreuses sociétés, le genre féminin est corrélé à la maternité.

Une longue période s’instaure qui place la femme en situation d’infériorité et de soumission face à un homme tout puissant. Le paterfamilias s’impose et gardera longtemps droit de vie et de mort sur sa femme mais aussi sur ses enfants. C’est la religion chrétienne qui lui enlève cette prérogative au Vème siècle après JC, la remplaçant par le droit de « correction paternelle » qui, lui-même, ne s’éteindra qu’en ... 1935 ! Les sociétés traditionnelles ont longtemps été hiérarchisées, établissant une stricte distinction entre ce qui relevait de la femme (la sphère privée) et de l’homme (la sphère publique). Dans l’ancienne France, le mélange entre les hommes et les femmes était inconcevable. Le régime d’apartheid qui s’imposait alors, constituait un acte initial et initiatique. La révolution dont le point culminant est le parricide de Louis XVI marque le refus de la domination du père. Mais, ce rejet s’appuie alors encore, sur la suprématie du paradigme masculin. Le souverain est présenté comme incapable de sortir du gynécée et son pouvoir comme soumis aux femmes (au premier rang desquelles Marie Antoinette) dont l’essor dans la politique serait à l’origine de la décomposition monarchique. Les femmes qui participèrent activement au mouvement révolutionnaire verront d’ailleurs leurs clubs être dissous en 1793.

2-3 Le long chemin de l’égalité

Napoléon résumait bien la conception dominant encore à cette époque : « la femme est donnée à l’homme pour qu’elle fasse des enfants. Elle est donc sa propriété comme l’arbre à fruits et celle du jardinier ». Le code civil qu’il impulsera en 1804, pose alors, comme principe, que la femme est mineure et entièrement sous la tutelle de ses parents, puis de son époux.

Il faudra attendre le XXème siècle, pour que les revendications d’égalité des droits entre les sexes s’imposent petit à petit.

Ainsi a-t-il fallu une loi en 1909, pour que le port du pantalon par une femme ne soit plus considéré comme un délit ; une loi en 1920, pour qu’elle puisse adhérer à un syndicat sans l’autorisation de son mari ; une loi en 1938, pour abolir son incapacité juridique et son devoir d’obéissance à celui-ci ; une loi en 1945, pour qu’enfin elles puissent voter ; une loi votée la même année, pour supprimer la notion de salaire féminin ; une loi en 1965, pour qu’elle puisse ouvrir un compte en banque et choisir une profession, sans l’autorisation de son époux ; une loi en 1967, pour qu’elle puisse accéder à la contraception ; une loi en 1974, pour qu’elle ait le droit d’avorter ; une loi en 1975, pour supprimer le droit du mari à contrôler la correspondance de sa femme ; une loi en 1992, pour réprimer les violences conjugales ; une loi en 2006, pour lutter contre les mariages forcés.

Il reste que nos sociétés, organisées sur les modèles du masculin et du féminin, ont engendré la nécessité individuelle et sociale pour chacun d’affirmer une identité sexuée.

Ces rôles de sexe déterminent l’être, l’agir et le faire, autrement dit, comment chaque homme ou chaque femme doit être, se comporter et faire, pour être reconnu à une place et bénéficier d’un statut. En fonction de son degré d’adhésion aux rôles assignés à son sexe biologique, la personne développera une identité sexuée plus ou moins en adéquation avec les normes de féminité ou de masculinité.

Cela explique pourquoi l’on constate une séparation assez systématique entre hommes et femmes dans tout le corps social et une large division sexuelle tant à l’école qu’au travail.

Ainsi, si la section littéraire regroupe 82,4% de filles, la section science et technique industrielle n’en compte plus que 7,6%. Si la coiffure est féminine à 99,7%, tout comme d’ailleurs le métier d’assistante sociale (et ce à 97,6%), on trouve par contre 95,9 % d’hommes dans les métiers de l’électricité. Sur 255 professions, 167 emploient 90% d’hommes. Quant aux femmes, 60% se retrouvent dans 6 métiers (99% de sages-femmes, 98,9% de puéricultrices, 98,2% de secrétaires ...).

C’est encore les femmes qui assument 80% du travail domestique et consacrent près de deux fois plus de temps que les hommes à garder les enfants. Mais ce sont les hommes qui occupent l’essentiel des positions de pouvoir, que ce soit à la tête des grandes entreprises (par exemple, dans le secteur des finances, elles n'occupent que 8.2% des postes de direction, 18,2 % des postes de gestion, et 27,2 % des emplois administratifs), ou des appareils d'État (18.06% des femmes au sein des institutions communautaires, 21,4% dans les parlements nationaux, 23,5% dans les gouvernements nationaux).

Si notre société affiche un souci de parité et de réduction des discriminations entre les hommes et les femmes, les inégalités sont bien loin d’avoir disparu entre les sexes.

A ce stade de notre raisonnement, il semble important de s’arrêter sur les études réalisées par les chercheurs, pour déterminer la manière dont les enfants s’identifient au genre qui leur est attribué par la société.
 

3- Pour un rapport entre homme et femme qui ne soit pas discriminatoire

3-1 L’apport des recherches scientifiques

Un ouvrage récent fait état des recherches menées par vingt quatre chercheurs en sociologie, psychologie sociale et psychologie du développement3. Leur conviction est affichée d’emblée. Ce n’est pas la biologie qu’il faut convoquer pour comprendre la persistance des discriminations de genre, mais les normes et les codes sociaux relatifs aux représentations du masculin et du féminin qui sont intégrées, dès les premières années de la vie. Les enfants sont très préoccupés par le fait de respecter les codes sexués en vigueur dans la société.

On a proposé à 102 enfants (60 garçons et 42 filles) âgés de 4 ans, toute une série de jouets. Des jeux dits masculins : train, outil, garage, camion, voitures, grues. Des jeux dits féminins : poupée, landau, chariot de ménage, cuisine, dînette. Des jeux plus neutres : rollers, vélo, ours en peluche, lego, animaux de la ferme, piano. Résultat : chacun préfère le jeu qui est accolé à son genre : plutôt les poupées pour les petites filles et plutôt les voitures pour les petits garçons. N’y a-t-il pas là une démonstration allant dans le sens de l’hypothèse essentialiste. L’expérience suivante vient semer le doute.

270 enfants âgés de 3 à 7 ans ont été confrontés à des images d’enfants habillés ou dénudés, les expérimentateurs leur demandant de reconnaître leur genre. Il s’est avéré qu’une large majorité d’entre eux étaient convaincus que cette identité était liée à l’apparence, aux comportements ou aux objets que les institutions de socialisation (sphère familiale, espace de vie enfantin, école) attribuent à chaque genre. Ainsi, ce sont des détails comme la longueur des cheveux, le port de la jupe ou d’un pantalon, proximité d’une poupée ou d’une petite voiture. Ce n’est qu’à partir de sept ans, qu’ils acquièrent une vision stable du sexe biologique.

Cette sous-estimation des facteurs sociaux a longtemps été dominante. Une autre expérimentation a été menée auprès de 258 familles de 258 enfants âgés de 3 à 6 ans (135 garçons et 123 filles). Un questionnaire leur a été adressé, regroupant des questions sur les comportements à risque de leur enfant (comme par exemple « monter sur les meubles » ou « courir sur la chaussée ») et sur les stéréotypes de genre (« aime chahuter », « se bagarre facilement »). Il a pu ainsi être démontré que ces parents reliaient les risque encourus par leur enfant, quand c’était un garçon, avec la conduite impulsive et le niveau d’activité plus élevé prétendument typiquement masculins. Ces explications essentialistes ont toujours été préférées à la mise en évidence du rôle essentiel joué par l’éducation différenciée qui encourage les attitudes conformes à son sexe d’appartenance tout en décourageant celles attribuées au sexe opposé.

On retrouve tout autant ces conditionnements dans les choix de trajectoire scolaire et professionnelle qui sont largement imprégnés par l’idée que chacun se fait de son identité sexuée, les garçons privilégiant l’investissement intellectuel et la compétition (voie scientifique), les filles la coopération et la dimension socio affective (la voie littéraire et les métiers de soins et d’aide). Choisir une orientation scolaire et professionnelle n’a pas seulement à voir avec des aptitudes et des compétences, mais aussi avec une question d’identité de genre.

La démonstration en a été, là aussi, été faite par une chercheuse établissant la corrélation entre la littérature et les journaux destinées aux filles qui privilégient les animaux en général et les chevaux en particulier et la féminisation des métiers liés aux équidés. D’autres études relatées dans l’ouvrage démontrent tout autant comment les postures amoureuses qui se doivent de répondre aux stéréotypes dominants, les garçons se centrant sur la performance sexuelle et l’urgence du désir, les filles préférant les sentiments et l’engagement. Plus que d’un choix, c’est donc bien d’un déterminisme dont il est question, ici, alors que les contours de la masculinité et de la féminité peuvent prendre des formes potentiellement beaucoup plus diversifiées.

L’ensemble de ces recherches scientifiques remettent en cause la dimension naturelle d’un certain nombre de caractéristiques traditionnellement attribués aux hommes et aux femmes.


3-2 Relativiser les attributs de la féminité et de la masculinité

Du côté des femmes, une des marques les plus fortes de la féminité sera pendant longtemps attribuée au stéréotype de l’instinct maternel. L’altruisme des femmes et leur sacrifice naturel au profit de leur petit les prédisposeraient à une maternité automatique.

Elisabeth Badinter a publié, en 1980 un ouvrage retentissant retraçant l’histoire de l’amour maternel. Elle y affirme que loin d’être une donnée naturelle, un instinct inscrit dans les gènes des femmes, cet amour serait profondément modelé par le poids des cultures. Reprenant les travaux sur l’histoire de l’enfance, l’auteur en concluait que l’idée d’un amour maternel était une idée relativement neuve en Occident : « Durant ce siècle (le XVIII), un nombre considérable d'enfants n'étaient pas nourris par leurs mères. Exemple: en 1780, à Paris, on constate que sur les vingt et un mille enfants qui naissent annuellement, mille à peine sont nourris par leur mère. Mille autres, des privilégiés, sont allaités par des nourrices à demeure. Tous les autres quittent le sein maternel pour le domicile plus ou moins lointain d'une nourrice mercenaire. Nombreux sont les enfants qui mourront sans avoir jamais connu le regard de leur mère. » 4

Dans un ouvrage plus récent, datant de 2002, Sarah Blaffer Hrdy5, dénonce elle aussi cette illusion naturaliste qui confond ce qui arrive parfois avec ce qui devrait toujours être.
Le monde animal connaît des gardiens d’enfant des deux sexes, des nourrices trouvées dans la parenté et des crèches permettant de soulager les parents tout comme les couvaisons, l’approvisionnement ou même des gestations assurées par des mâles.
Si, beaucoup de femelles lèchent leur bébé et avalent le sac amniotique, il n’existe pas chez les humains de tels comportements universels. Le maternage apparaît comme un mécanisme complexe qui n’est jamais totalement ni prédéterminé génétiquement, ni produit par le seul environnement. L’un et l’autre facteur s’entremêlent en permanence. Le processus d’attachement intervient dès les premières minutes après l’accouchement, par imprégnation de l’odeur maternelle. D’où l’importance d’un contact précoce pour être investi. Mais, chaque mère diffère dans l’investissement qu’elle porte à son enfant. Il n’y a pas d’instinct maternel, mais juste une adaptation liée à un ensemble de facteurs culturels et environnementaux.

Du côté des hommes, le fondement le plus fort de leur masculinité est sans conteste, l’élaboration de la virilité. Celle-ci a pris au cours des siècles des formes très diverses6.
Si l’on remonte à la période post-révolutionnaire c’est tout d’abord, la conscription qui, malgré une large résistance (désertion massive), devient l’acte de distinction par essence entre l’homme véritable d’un côté et la femme, l’enfant et le vieillard, de l’autre. Qui plus est, le militaire couvert de blessures et de gloire apparaît comme le surmâle et le héros, par excellence : c’est la culture du corps souffrant. Le guerrier donne la mort là où la femme donne la vie. Jouer chaque jour son existence au combat devient le critère principal de l’honneur. Pour mesurer sa virilité, on se bat à tout propos.

Puis, vient une autre référence : celle de l’idéal bourgeois qui valorise la prospérité et la réussite individuelle. La compétence supplante alors la naissance. Colères, irritations, chagrins n’ont plus droit de cité sur la scène publique et sont remplacés par la froide planification de l’homme d’affaire. Aujourd’hui encore, un homme, « un vrai », c’est celui qui souffre en silence, qui reçoit les coups sans se plaindre, qui encaisse les moments les plus durs de la vie, sans montrer ni partager ses émotions ou ses chagrins.
Pour la gente masculine, l’art de subir et d’endurer sans perdre sa dignité confère une marque d’excellence, propre à le distinguer du sexe qu’il est convenu d’appeler « faible » parce qu’il se laisse aller aux émotions et aux sentiments.

Si déterminisme il y a en matière de genre, retrouve-t-on les mêmes influences de l’environnement sur les rôles parentaux ?


3-3 Y a-t-il une spécificité masculine ou féminine dans la parentalité ?

Un schéma a été introduit par la psychanalyse concernant le rôle du père dans le couple parental : en faisant limite et coupure dans la dyade fusionnelle que forment la mère et son bébé, il introduirait du tiers, permettant ainsi d’ouvrir l’enfant au monde extérieur et d’effectuer le nécessaire rappel à la loi. Cette triangulation serait source de différenciation.

Au sein des familles recomposées, c’est souvent les beaux-parents qui essaient de le faire (recevant au passage les réflexions de gamins : « tu n’as rien à me dire, t’es pas mon père (ou ma mère) »). Cela peut aussi être un parrain ou une marraine, un grand parent qui prend en charge fréquemment l’enfant. Dans les familles homos parentales, c’est le second membre du couple qui peut jouer ce rôle. Comme dans la famille hétérosexuelle, les rôles respectifs de celui (ou celle) qui est plus dans l’écoute, ou celui (ou celle) qui est plus dans le cadre, dans la protection ou dans la sanction, dans la congruence ou dans la sévérité, dans la consolation ou dans le reproche ne recouvrent pas strictement l’homme d’un côté, la femme de l’autre. Chacune de ces attitudes peut traverser successivement chaque parent ou se fixer sur l’un ou sur l’autre au gré des caractères des uns et des autres. L’important est plus de trouver des parents acceptant d’endosser ces différents rôles que de savoir lequel adoptera l’un ou l’autre. On parlera alors plus facilement de fonction maternante et de fonction paternante.

En fait, il est essentiel de ne pas confondre la fonction dévolue traditionnellement au père et à la mère et le sexe de la personne qui l’investit. Car ni le maternel, ni le paternel, ni le féminin, ni le masculin ne sont spécifiques à l’un ou à l’autre des deux sexes. Cela ne signifie pas qu’ils soient interchangeables. Mais cela ne veut pas non plus dire qu’il soient radicalement étrangers l’un à l’autre. Ils sont différents et complémentaires, sans que l’on puisse toujours figer les attributions toujours du côté des uns ou des autres. Des études réalisées démontrent que dès lors que l’enfant repère bien cette place du parent qui joue dans son éducation, le rôle respectif de celui (ou celle) qui est plus dans l’écoute, ou celui (ou celle) qui est plus dans le cadre, dans la protection ou dans la sanction, dans la congruence ou dans la sévérité, dans la consolation ou dans le reproche, l’équilibre est alors garanti. Chacune de ces attitudes peut traverser successivement chaque parent ou se fixer sur l’un ou sur l’autre au gré des caractères des uns et des autres. L’important est plus de trouver des parents acceptant d’endosser ces différents rôles que de savoir lequel adoptera l’un ou l’autre.


3-4 Bisexualité

Dans l’un de ses autres ouvrages, Elisabeth Badinter défend une théorie qui propose une synthèse de la guerre des sexes7. Au cours des premiers millions d’années d’existence de notre espèce, explique-t-elle, se serait développée une complémentarité basée sur la nécessaire et vitale coopération pour la survie, les hommes chassant et les femmes assurant la cueillette (« l’un et l’autre »). Puis, se serait imposé un patriarcat de plus en plus brutal, la gente masculine écrasant toute velléité d’autonomie féminine (« l’un sans l’autre »). Ce régime se serait mis à se déliter à compter de la Révolution française, faisant advenir notre dynamique égalitaire actuelle qui ne serait toutefois pas tant basée sur le respect réciproque des différences, que sur une ressemblance et une fusion (« l’un est l’autre »).

Freud a avancé l’hypothèse d’une « bissexualité innée », selon lequel, à la naissance, tout être humain porte en lui des dispositions à la fois féminines et masculines, et doit réprimer l'une ou l'autre au fil de son développement pour s'identifier pleinement à son sexe physique ; l'incapacité à réprimer les tendances relevant du sexe opposé font partie des explications avancées par Freud pour déterminer l'origine de certains troubles de la personnalité.

Finalement, nous en sommes arrivés à nous interroger sur l’existence parallèle et complémentaire de trois genres : aux côtés de la femme et de l’homme, n’y aurait-il pas une place pour l’androgyne ? Certaines théories affirment que l’être humain idéal est celui qui est en capacité d’adopter indifféremment des comportements féminin ou masculin en fonction des circonstances. En quelques sorte, un être capable de materner sa progéniture et dans l’heure qui suit de jouer un match de rugby ! Une étude permettrait de définir cette nouvelle catégorie androgyne dans une fourchette allant de 20 à 30% de la population : 36% chez les garçons et 29% chez les filles !
 

4- Quelles conséquences dans l’éducation ?

Il est important que l’enfant reçoive à l’école, en CVL et à la maison des messages qui vont dans le même sens. Il choisit ses premiers modèles parmi les femmes et les hommes qui l’entourent.

Le site www.lesptitsegaux.org fourmille de propositions d’activité ou de jeux, de réponses ou d’attitudes à adopter pour lutter contre les discriminations de genre.

Nous allons nous en inspirer ici pour donner quelques exemples.
Il y a d’abord les attitudes qui privilégient des relations égalitaires entre filles et garçons :
- Accorder la même valeur au fait d’être fille ou garçon. Un sexe ne doit pas prévaloir sur l’autre.
- Encourager les filles et les garçons à développer leurs qualités, indépendamment du fait que ces qualités soient dites féminines ou masculines (exemple : la tendresse chez un garçon et la détermination chez une fille).
- Présenter les femmes et les hommes comme étant des personnes capables de belles réalisations tant dans leur vie personnelle que sur le marché du travail.
- Permettre aux enfants d’explorer toutes les facettes de leur personnalité en leur faisant essayer de nouvelles activités, en identifiant leurs habiletés, en valorisant leurs qualités…
- Apprécier des personnes de son propre sexe mais aussi de sexe différent (exemple : j’aime lire des histoires avec mon grand-père et m’occuper des animaux avec ma grand-mère).
- Permettre aux enfants de parler sans honte ni gêne de situations non traditionnelles (exemple : « ma mère est conductrice de bus, mon père est assistant social »).
- Permettre autant aux filles qu’aux garçons de s’exprimer ou d’affirmer leurs besoins lorsqu’ils se sentent lésés. Prendre le temps de les écouter.
- Régler les conflits de façon juste et respectueuse.

Autre registre, les activités en collectivité d’enfants :
- Favoriser l’épanouissement de l’enfant, en lui proposant des modèles de femmes et d’hommes intéressants à imiter.
- Favoriser une appréciation positive de leur sexe : je suis fille ou garçon et je suis fier (fière) de l’être. - Favoriser une appréciation positive des personnes de sexe différent.
- Favoriser des contacts entre filles et garçons qui se veulent respectueux, égalitaires, basés sur l’entraide et l’amitié.
- Augmenter chez l’enfant ses capacités à résoudre pacifiquement ses conflits avec les enfants de l’autre sexe.
- Inviter l’enfant à faire une activité habituellement réservée aux enfants de l’autre sexe (cuisiner, jouer au football…). Énoncer les qualités dont il a fait preuve au cours de cette activité.
- Diversifier les petites tâches et responsabilités confiées aux enfants et inviter autant les garçons que les filles à y participer. Notez que jusqu’à 12-13 ans, les filles et les garçons ont les mêmes capacités physiques. Donc ne pas hésiter à alterner les tâches entre filles et garçons.
- Inviter l’enfant à discuter de ses ami-e-s, filles ou garçons, de ce qu’il préfère chez l’un et chez l’autre, de leurs jeux préférés, du plaisir qu’il a à partager de bons moments avec eux.
- Lorsque l’on fait une activité avec l’enfant, ne pas hésiter à lui demander si une personne de sexe différent du votre (et aussi du sien) aurait pu faire cette même activité.
- Discuter avec l’enfant des métiers qu’il aimerait exercer plus tard. L’encourager à explorer une foule de possibilités.
- Lui demander de parler des personnages qui retiennent son attention (dans une émission de télévision, un livre ou autre…). Une personne de sexe différent aurait-elle pu faire la même chose que ce personnage ?


Toujours, sur le même site, on peut retrouver un répertoire de jeux dont les trois exemples suivants :

DES JEUX DE GARÇONS ET DES JEUX DE FILLES
Objectifs d’apprentissage
- Développer chez l’enfant une attitude respectueuse face aux préférences et aux habiletés des autres enfants. - Développer le sens et le plaisir de l’amitié entre filles et garçons.
Mise en situation
« Enfin la récré ! se dit Arnaud, on a beaucoup travaillé ce matin et j’ai envie de m’amuser avec les copains ». Dans la cour, les filles de la classe commencent à jouer à l’élastique tandis que les garçons choisissent le basket. Arnaud se dirige vers les filles et leur demande : « Est-ce que je peux jouer avec vous ? ». Elles refusent parce qu’elles veulent être « juste entre filles ». Mais Arnaud n’est pas seul dans son cas. Il y a aussi Yasmina qui aurait aimé jouer au basket et les garçons lui ont répondu de la même façon. Arnaud et Yasmina décident de trouver une solution à leur problème. Ils veulent inventer un jeu tellement amusant que tout le monde voudra y participer. Ce jeu aura pour règle « qu’il faut que les filles et les garçons jouent ensemble » !
Demandez aux enfants :
- De citer les raisons invoquées par les enfants pour refuser à Yasmina et Arnaud de jouer avec eux.
- S’il leur arrive parfois de préférer être entre garçons seulement ou entre filles seulement (reconnaître qu’il est normal d’avoir cette préférence à l’occasion).
- S’il peut arriver qu’une fille ou un garçon ait envie de partager une activité choisie par des enfants qui ne sont pas de son sexe à elle ou à lui.
- D’essayer de se mettre à la place de Yasmina et d’Arnaud et d’identifier ce qu’ils ont pu ressentir lorsque les enfants ont refusé qu’ils se joignent à eux.
- Si les enfants de l’histoire ont été respectueux envers Arnaud et Yasmina en refusant de les accepter en raison de leur sexe.
- De donner leur opinion sur la solution trouvée par Arnaud et Yasmina. En auraient-ils une autre à proposer ?

LA COLONIE DE VACANCES
Objectifs d’apprentissage
Amener les enfants à considérer que les garçons tout autant que les filles peuvent exprimer leurs sentiments.
Mise en situation
Lucas part pour la première fois en colonie de vacances. Il est très impatient car il va enfin pouvoir découvrir la mer. Et puis, ce qui est vraiment chouette en colonie, c’est qu’on s’y fait plein d’ami-e-s : Nacéra grimpe aux arbres comme un écureuil, Clément est vraiment très fort pour construire de grands châteaux de sable, et Mathilde, qui est vraiment espiègle, n’arrête pas de mettre du sable dans les sacs. Clément est d’ailleurs drôlement fâché car son pain au chocolat est maintenant plein de sable et il ne peut plus le manger. Le soir, autour du feu, Lucas prend beaucoup de plaisir à chanter et à faire des jeux avec les moniteurs. Il y a à chaque fois de nouvelles histoires et des activités très amusantes. Mais ce que Lucas n’aime pas, c’est se retrouver le soir dans le noir sous la tente. Il fait très sombre la nuit dans les bois. Et puis il y a plein de bruits bizarres : Pffft ! Schruttt ! Mais qu’est-ce que c’est ? Peut-être un animal sauvage qui va l’attaquer ? Lucas a très peur. Il aimerait tant que ses parents soient là pour le prendre dans leurs bras et le rassurer ! A force d’avoir peur, Lucas se met à pleurer. Nacéra s’en rend compte et se moque de lui : « Poule mouillée, euh ! Poule mouillée, euh ! Un garçon, d’abord, ça doit pas avoir peur et ça doit pas pleurer ! ».
Demandez aux enfants :
- De se mettre à la place de Lucas et d’imaginer ce qu’il peut ressentir.
- De donner leur opinion à propos de Lucas qui a peur et qui pleure. A-t-il le droit d’avoir peur ? Est-il normal qu’il pleure, même s’il est un garçon ?
- De donner leur opinion à propos du commentaire « Poule mouillée, euh ! »
- S’il leur arrive à eux aussi d’avoir peur et envie de pleurer ? Dans quelles circonstances ? Le font-ils ?
Terminez l’activité en rassurant les enfants (garçons et filles) qu’il est normal d’avoir peur dans certaines circonstances et qu’il est sain de pleurer.


KEN ET BARBIE
Objectifs d’apprentissage
- Amener les enfants à considérer que l’un et l’autre sexes ont les capacités de s’impliquer activement dans tous les aspects de la vie familiale (interchangeabilité des rôles).
- Amener les enfants à considérer qu’il y a plusieurs façons de partager les tâches à l’intérieur d’une même famille.
Première mise en situation
Barbie vient de se trouver un emploi et c’est Ken qui gardera les enfants. Barbie donne des conseils à Ken. Celui-ci lui répond de ne pas s’inquiéter car il est capable de prendre soin des enfants. Il se dit qu’il apprendra.
- Pourquoi Barbie donne-t-elle des conseils à Ken ? Est-ce qu’elle croit que Ken n’est pas capable de prendre soin des enfants ? D’après vous, est-ce que Ken en est capable ? Est-il normal que les papas s’occupent autant de leurs enfants que les mamans ?
- Est-ce que vous connaissez des papas qui restent à la maison pour s’occuper des enfants pendant que les mamans travaillent ? Est-ce que d’après vous les papas y arrivent ? Pourquoi certains ne peuvent pas ou ne veulent pas le faire ?
Deuxième mise en situation
Un dimanche après-midi, Skipper rend visite à sa soeur. Elle trouve Barbie en train de lire sur le canapé pendant que Ken repasse le linge de la famille. Elle se dit: « Tiens, c’est bizarre ! Chez moi, c’est toujours maman qui repasse le linge. ».
- Comprenez-vous l’étonnement de Skipper ?
- Le plus souvent, qui repasse le linge à la maison ? Est-ce que vous connaissez des papas qui repassent ? Est-ce que d’après vous les papas y arrivent ? Pourquoi certains ne peuvent pas ou ne veulent pas le faire ?



Au terme de cette conférence, je n’ai nullement l’ambition d’avoir voulu convaincre quiconque.

Certains et certaines d’entre vous resteront sceptiques quant à la démonstration proposée, restant persuadé que décidément, « les filles et les garçons, c’est pas pareil », ce en quoi ils auront à mon sens à la fois tort et raison.
D’autres auront vu dans mes propos la confirmation de ce qu’ils croyaient déjà.
D’autres enfin, auront dorénavant quelques doutes ;
Il revient à chacun de se faire son propre point de vue et surtout de ne pas hésiter à apporter des critiques, des commentaires ou des questionnements au cours du débat que je vous propose d’avoir à présent.


Bibliographie

1 - « Sexualité, intimité et société sous le regard de l’histoire » Michel Rouche, CLD, 2002
2 - « Masculin/Féminin 1. La pensée de la différence » Françoise Héritier, Odile Jacob, 2007, 332 p.
3 - « Genre et socialisation de l’enfance à l’âge adulte. Expliquer les différences, penser l’égalité » Véronique Rouyer (sous la direction), éd. érès, 2010, 236 p.
4 - « L'amour en plus » Elisabeth Badinter, Flammarion, Paris, 1980
5 - « Les instincts maternels » Sarah Blaffer Hrdy, Payot, 2002
6 - « Le premier sexe- Mutations et crise de l’identité masculine » André Rauch, Hachette Littérature, 2000
7 - « L'un est l'autre : Des relations entre hommes et femmes » Elisabeth Badinter, Odile Jacob, 2002
 

Jacques Trémintin - 03/10/2012