L'autonomie

Grandeur et décadence de l’autonomie

L’autonomie de l’enfant est devenue au cours des années un mot-valise fréquemment utilisé dans les projets éducatif ou pédagogique, sans que l’on sache toujours vraiment le sens qu’on lui donne exactement. Cette expression a été à ce point banalisée, qu’on ne s’interroge ni sur sa portée, pas plus qu’on ne s’inquiète sur les dérives possibles. Pourtant, plus que tout autre, ce concept symbolise une mutation profonde de notre société : nous sommes passés, en un demi siècle, d’une dépendance étroite à notre communauté d’appartenance à une revendication d’émancipation qui tend à nous fait croire à notre pleine indépendance à l’égard de tout subordination. Nous ne pouvons comprendre ce qui se joue dans la question de l’autonomie de l’enfant, sans nous arrêter sur cette évolution fondamentale.
 
De l’hétéronomie à l’autonomie
Le monde ancien fondé sur la discipline et le respect de l’autorité laissait peu de place au sujet. Le monde contemporain valorise l’épanouissement individuel, mais prépare bien moins la confrontation au collectif que constitue toute société humaine.
 
Pendant très longtemps, les hommes ont vécu au sein de sociétés qui se pensaient fondées sur des normes extérieures à eux. Le destin de chacun était décidé, hors de toute volonté individuelle. Son parcours de vie lui échappait. Il fallait l’accepter, comme les conséquences d’une volonté supérieure. Un corpus de pensée structurait l’individu et ordonnait le moindre de ses actes personnels ou collectifs. Tout y était organisé pour que chacun se reconnaisse comme partie d’un ensemble. Ce qu’on attendait de la personne, c’était qu’il se soumette à une autorité théocratique s’exerçant de façon verticale, sans délais et sans contestation possible, c’était qu’il obéisse à des décisions qui s’imposaient à lui. Dans ce modèle, l’éducation de l’enfant répond à une ambition essentielle : l’assujettir à une norme taillée dans le marbre et figée depuis des siècles. Ce dont il s’agit, c’est bien de le modeler, pour lui permettre de prendre la place qui lui est dévolue, de le fondre dans le moule sculpté à l’image de l’adulte attendu. Il n’y a guère de place pour une quelconque liberté de choix. On est là dans la logique de l’hétéronomie, cette organisation sociale qui correspond à la soumission à une loi établie par d’autres.
 

Quand l’individu paraît …

C’est l’émergence du processus d’individualisation sociale qui va permettre progressivement le passage d’une société assujettie à une société sujette d’elle-même. Ce qui est promu, c’est un individu singulier, doté d’une grande capacité à l’autonomie, à l’autodétermination et au jugement personnel. L’idéal n’est plus dans la recherche de l’adéquation à sa communauté de référence, mais la recherche du meilleur de soi. Le modèle éducatif qui en découle  ne peut que favoriser tout ce qui promeut la souveraineté du sujet. On n’attend plus de nos enfants qu’ils apprennent à se conformer à des valeurs, des normes et des fonctions décidées pour eux, mais qu’ils se comportent comme des acteurs capables de réflexion, d’esprit critique et de prise de responsabilité. L’éducation n’est plus là pour faire correspondre l’enfant au rôle qu’on lui a fixé, ni pour l’amener à se conforter à une quelconque image idéale de ce qu’il devrait être, mais à lui permettre de devenir lui-même et de trouver la voie du plaisir de vivre et de se réaliser. La fonction des éducateurs, qu’ils soient parents ou professionnels, consiste bien alors à favoriser chez le petit d’homme l’épanouissement de sa personnalité, à répondre à ses besoins et à respecter ses rythmes propres. On est là dans la logique de l’autonomie.
 

... le collectif est menacé

L’idéal n’est plus dans la recherche de l’adéquation à sa communauté de référence, mais la recherche du meilleur de soi. Guy Corneau le démontre bien dans son dernier ouvrage (1). Il y explique que notre véritable essence n’est pas l’appartenance à un quelconque groupe de référence, mais relève d’une individualité profonde faite de goûts et de talents, de qualités et de dons, de potentialités et d’aptitudes. La nécessité de s’adapter aux exigences des autres nous coupe progressivement de nos sensations profondes : plus nous sommes séparés de la jouissance de nos propres talents, plus nous nous trouvons prisonniers de l’image artificielle que nous avons été contraints de créer, pour obtenir l’approbation d’autrui. Nos vies peuvent redevenir intelligibles, pour autant que nous nous autorisions à les comprendre, que nous acceptions d’écouter les bruits qui s’élèvent de nous, que nous établissions une intimité bienveillante avec nous-mêmes. C’est seulement ainsi, que nous pourrons renouer avec l’énergie et la force créatrice qui gisent au fond de nous. La démonstration de Guy Corneau s’inscrit dans la valorisation du sujet et dans l’épanouissement individuel présentés
comme voie royale du bonheur.
 

(1) « Le meilleur de soi. Le rencontrer, le nourrir, l'exprimer » Guy Corneau, Robert Laffont, 2007

 
Qui doit être au centre de l’école ?
Une controverse récurrente oppose les tenants des pédagogies actives, aux partisans de l’école républicaine. Pour les premiers, l’école doit être centrée sur l’enfant et surtout répondre à ses besoins d’épanouissement et de réalisation. Pour les seconds, l’école doit se recentrer sur l’acquisition des connaissances, l’Education nationale devant reprendre sa dénomination initiale de ministère de l’Instruction publique. La première fait confiance dans les compétences de l’élève, qu’elle cherche à promouvoir et à amplifier. La seconde s’appuie sur l’asymétrie des générations, la place de l’enseignant étant primordiale comme pourvoyeur de savoir et de valeurs.

 
Deux personnalités opposées
Le pédopsychiatre et universitaire Alain Lazartigues propose une projection qui permet de comparer, point par point, les personnalités de base promues respectivement, par les modèles de la société traditionnelle et de notre mode de vie contemporain.
 

Autorité et sens du devoir

Dans la société d’autrefois, les places des adultes et des enfants étaient asymétriques. Cette hiérarchie était non seulement légitimée et acceptée, mais aussi fondatrice d’une relation à l’autre qui allait de soi. La place prééminente du groupe de référence créait des exigences auxquelles chacun était soumis. Le plaisir individuel était mis sous tutelle de l’intérêt général et le comportement personnel guidé par la collectivité. Les idéaux et les modèles s’imposaient à tous. Le renforcement de l’ordre établi était à la base du sentiment d’appartenance. Faire son devoir renforçait le sentiment d’appartenance. Ne pas le faire induisait un sentiment de honte. Toute transgression des règles provoquait une culpabilité liée à la confrontation insupportable pour le sujet au cadre imposé et à l’interdit posé. La société traditionnelle produisait une personnalité majoritairement de type névrotique : l’individu devait gérer, en permanence, le conflit entre d’un côté ses pulsions, ses désirs et de l’autre la contrainte qu’elle soit externe (un ensemble de normes et de valeurs formant un carcan extrêmement tyrannique et prégnant) ou interne (sens moral et censure fortement intériorisés s’impose à soi). Chacun apprenait à sublimer ou à déplacer ses frustrations et se construisait autour de l’intégration de ce qui n’était pas permis. Ce conflit intrapsychique dans lequel le sujet était pris provoquait l’inhibition de certaines conduites, par le refoulement des besoins non conformes aux exigences sociales. Quand la pression pesant sur le sujet était trop grande, des dysfonctionnements apparaissaient dans ses comportements. L’autocensure provoquait des conduites névrotiques comme autant de manifestations extérieures des malaises intérieurs. C’était là les effets pervers de l’hétéronomie.
 

Consensus aléatoire et hédonisme

Le monde d’aujourd’hui fonde le vivre ensemble sur des places symétriques. La transmission des savoirs est devenue horizontale : les pairs et l’audio-visuel jouent un rôle essentiel dans la diffusion des valeurs. L’ordre social n’a plus aucune valeur en soi : l’auto-référencement domine. Les droits et devoirs ne sont plus un absolu : ils sont révisables, chacun usant de persuasion, de séduction, voire du rapport de force pour les faire évoluer. La transgression des règles est contenue par la seule crainte de perdre l’amour de ses proches ou l’estime de ses congénères. La société est dominée par l’hédonisme : les besoins individuels y priment l’intérêt collectif. Ce que chacun recherche avant tout, ce sont les sensations et les satisfactions personnelles. La frustration provoque des comportements agressifs de révolte ou d’incompréhension : rien ne doit s’opposer à la réalisation de ses envies. L’accomplissement du plaisir est au centre du comportement. La satisfaction du désir est le moteur des motivations et donc des décisions. L’expression pulsionnelle ne rencontre que peu d’obstacles du fait de la réduction de l’efficacité des instances de régulation tant internes qu’externes. La relation à l’autre est d’autant plus problématique qu’il semble être un obstacle à sa propre jouissance. La société contemporaine a fait émerger majoritairement une personnalité narcissico-hédoniste, marquée par la forte réduction tant des intériorisations morales internes que du contrôle des pulsions, mais aussi par l’expansion tant des fantasmes de toute puissance et d’auto engendrement que de la recherche de sensations. Les manifestations de dysfonctionnement se concrétisent sous la forme d’une plus grande intolérance à la frustration et au délai, d’un envahissement possible par les affects et les émotions et du peu de poids des règles sociales dans la modulation des comportements. Ce sont les effets pervers de l’autonomie.
 
 
Se sentir coupable ou pas
Cambriolage peu commun à la Roche sur Yon, en Vendée. Un homme pénètre, par effraction, dans un local dépendant du Conseil général et y dérobe un ordinateur. Le lendemain un individu dépose devant l’immeuble un colis. Un employé du Conseil général alerte la police qui déclenche la procédure concernant les objets suspects. Le colis ne contenait que l’ordinateur, accompagné d’un mot d’excuse. (Ouest France du 11/03/09) On ne peut trouver meilleure illustration d’une personnalité ayant intériorisé les normes sociales et potentiellement ravagée par la culpabilité au point de revenir sur son acte et de ne pouvoir s’en libérer qu’en tentant de réparer le préjudice commis.
 
 
Tenir les deux bouts de la chaîne
A l’impression d’étouffement dans le monde sclérosé d’hier, a succédé l’angoisse d’aujourd’hui liée à l’insécurité d’un univers qui bouge en permanence et à l’absence de valeurs communes. Une synthèse ne serait-il pas possible entre ces deux modèles ?
 
N’aurait-on pas échangé un mode de vie borgne (sur la place du sujet) contre des modalités du vivre ensemble aveugles (à l’intérêt de la collectivité) ? D’aucuns revendiquent un retour vers les valeurs passées. Si une telle régression est impensable, il est tout à fait possible de penser une éducation qui combine l’épanouissement de la personne avec le respect du groupe. Philippe Perrenoud, sociologue à l’université de Genève, a identifié huit compétences permettant à un acteur de construire et de défendre son autonomie dans divers champs sociaux ou diverses organisations. Elles ont la particularité de relier la dimension individuelle à la nécessaire prise en compte du lien social, plaçant l’autonomie dans l’étroite dépendance de la relation à l’autre. La toute première de ces compétences fait largement place à l’état des lieux et à la valorisation du potentiel que chacun possède au fond lui : c’est la capacité à identifier, évaluer et faire valoir ses ressources, ses droits, ses limites et ses besoins (compétence n°1). On est là dans l’identification de ce que chacun peut faire valoir de ses richesses et de ses possibilités. Mais, pour que cette puissance individuelle puisse s’épanouir, encore faut-il la conjuguer avec l’environnement. C’est l’objet des sept autres compétences évoquées qui concernent l’inter dépendance des acteurs.
 

L’autonomie passe par l’autre

Et tout commence par la capacité d’appréhender le monde qui nous entoure. S’affirmer dans un groupe, en préservant ce qui nous est propre nécessite tout d’abord ne pas se contenter d’analyser son environnement dans l’étroitesse de la causalité linéaire (un effet = une cause), mais dans une dynamique systémique qui intègre les différents éléments interagissant les uns sur les autres dans une causalité circulaire (compétence n°3). L’autre impératif est de réussir à dépasser l’horizon de la culture de son propre groupe d’appartenance (compétence n°8). Cette qualité de compréhension du contexte dans lequel on évolue doit permettre de coopérer, d’agir en synergie et participer à un collectif (compétence n°4). Cette appétence à évoluer dans un groupe est encore facilitée par le respect de son mode de fonctionnement. Le « vivre ensemble » est toujours régi par des lois. On peut s’y soumettre de façon passive. On peut aussi choisir de jouer avec les règles, s'en servir, en élaborer (compétence n°7). Cette souplesse permet d’apprendre à gérer et à dépasser les conflits inhérents à tout rapport avec les autres qui ne peut qu’être source de confrontations (compétence n°6). Mais, ce qui peut encore le mieux articuler l’individu avec la dimension profondément sociale de la vie en société, c’est la capacité à construire des systèmes d'action collective de type démocratique (compétence n°5). Il est donc possible de développer chez l’enfant des marges d’initiative qui lui permettent à la fois d’agir en n’étant pas sous le contrôle étroit et rigide de sa communauté d’appartenance, tout en n’annihilant pas cette référence essentielle. On n’est plus dans le choix entre soumission et indépendance, mais dans l’articulation entre une place originale et unique que l’on doit continuer à préserver et le rattachement tout aussi fondamental à son groupe de référence. On peut trouver un juste équilibre entre l’individu écrasé par sa communauté d’origine (« je est un autre » d’Arthur Rimbaud) et un lien social passant après l’intérêt individuel (« moi, je »). Tenir les deux bouts de la chaîne, plutôt que les opposer, telle est la piste qui peut permettre aux éducateurs de proposer à l’enfant une voie cherchant à éviter les effets pervers tant de l’ancien modèle de société que de celui de notre mode de vie actuel, tout en essayant de préserver leurs apports respectifs : les places du sujet et du groupe.
 
 
« La clé des champs : essai sur les compétences d'un acteur autonome. Ou comment ne pas être abusé, aliéné, dominé ou exploité lorsqu'on n'est ni riche, ni puissant » Philippe Perrenoud, 1999, Université de Genève, Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation
 
 
Les huit compétences de Philippe Perrenoud
  1. Savoir identifier, évaluer et faire valoir ses ressources, ses droits, ses limites, ses besoins.
  2. Savoir, individuellement ou en groupe, former et conduire des projets, développer des stratégies.
  3. Savoir analyser des situations, des relations, des champs de force de façon systémique.
  4. Savoir coopérer, agir en synergie, participer à un collectif, partager un leadership.
  5. Savoir construire et animer des organisations, des systèmes d'action collective de type démocratique.
  6. Savoir gérer et dépasser les conflits.
  7. Savoir jouer avec les règles, s'en servir, en élaborer.
  8. Savoir construire des ordres négociés par-delà les différences culturelles.
 
Lire l'interview : Brizais Reynald - Autonomie

Ressources
« Nos enfants »
Sous la direction de Michel Wieviorka, éditions Sciences Humaines, 2008
Nos enfants développent des compétences infiniment plus complexes que celles que nous devions acquérir à leur âge. Ils montrent, en outre, des capacités de plus en plus précoces à les mettre en œuvre. Là, où nous montrions quelque impatience à grandir, ils semblent prendre leur temps, pour partir de chez leurs parents. Ce sont les adultes qui sont interpellés sur leur faculté à préserver la part d’enfance qui est en eux. Les parents voient leur relation bouleversée. Leur désir de transmission se heurte à la revendication d’un droit d’inventaire. Mais, l’injonction à être l’entrepreneur de sa propre vie n’est pas sans effets pervers, notamment quand elle occulte les paramètres sociaux et individuels qui pèsent sur la trajectoire de chacun. Reste l’éducation à une citoyenneté qui permet, au final, d’échapper aux persécutions de sa condition sociale spécifique, de s’arracher aux intérêts particuliers et d’accéder à l’intérêt général.
 
« L’enfant : petit homme ou petit d’homme ? »
Françoise Guillaume, L’Harmattan, 2008
Il a fallu des siècles pour que l’enfant passe du statut du petit d’homme à celui de petit homme. Le sentiment de maîtrise de la vie est tel, que toute contrariété est vécue comme une injustice insupportable. Le premier avec qui chacun se trouve amené à composer, c’est lui-même ! L’éducation qui a toujours été conçue pour permettre à l’enfant de passer de la nature à l’état de culture, semble  vouloir produire aujourd’hui des adultes heureux et équilibrés. Il ne s’agit pas d’exiger le renoncement au plaisir et l’acceptation de la frustration comme autant de vertus cardinales et prescrites, mais d’abandonner la satisfaction immédiate pour entrer dans la socialisation : c’est la voie d’une autonomisation reconnaissant l’enfant comme à la fois petit d’homme et petit homme.
 
« Démocratie : le devoir d’éducation »
Yann Le Pennec, L’Harmattan, 2008
Il est bien une réalité qui s’impose aujourd’hui comme hier : c’est l’immaturité biologique, physique et psychologique du petit d’homme, sa fragilité et l’exceptionnelle lenteur de sa maturité. Même si notre société semble assujettir son bien-être à la satisfaction immédiate et à la jouissance de son désir, son éducation passe encore par la nécessité de différer et d’interdire, de faire barrage à l’emprise de ses pulsions qui cherche à éliminer les temps d’attente. Toutes les instances éducatives doivent repenser un modèle qui soit adapté au monde actuel. Attribuer à un enfant un statut de personne ne doit pas non plus conduire à récuser l’existence et la fonction asymétriques des adultes. Il ne s’agit pas tant de donner la parole à l’enfant que de lui permettre de prendre sa place en tant que membre du groupe social.
 
« Le meilleur de soi. Le rencontrer, le nourrir, l'exprimer »
Guy Corneau, Robert Laffont, 2007
Dans la vie, avant d’être victime des autres, on est prisonnier de ses propres sensations. Le meilleur de soi, c’est cette façon unique que nous avons de nous inscrire dans l’existence. Pourtant, cette puissance qui gît en nous, nous passons notre vie à la négliger et à perdre le contact avec elle. Plus on est séparé de la jouissance de nos propres talents, plus on va se trouver prisonnier de l’image artificielle qu’on a créée et dépendant de l’approbation d’autrui. Autant de conditionnements qui agissent comme des tyrans à l’intérieur de soi, dictant leurs lois et engendrant des destinées. Mais, nos vies peuvent redevenir intelligibles. Ce qui implique de nous détourner de la quête sans fin de la satisfaction de besoins extérieurs jamais assouvis (surconsommation, surcompensation) et de nous recentrer sur une recherche qui trouve son contentement dans l’animation de nos sensations intérieures.
 
 
 
Jacques Trémintin – Journal De l’Animation  ■ n°100 ■ juin 2009