Le placement familial, un lieu commun?

Sous la direction de Denise BASS et Ariette PELE, Eres, 1993, 336 p.

Depuis le petit Moïse, le premier des enfants placés, il en a coulé de l'eau sous le pont des gardiennes et des nourrices. Mais ce n'est que depuis 20 ans que le métier d'assistante maternelle a acquis ses lettres de noblesse. Bénéficiant enfin d'un statut grâce à la loi de 1977, il a fallu encore attendre 1992 pour que le législateur adopte les réformes attendues : obligation de formation, meilleure rémunération, accès aux garanties du droit du travail, modification des modalités d'hébergement... Au cours des années, le placement familial s'est perfectionné au point de préciser 3 orientations transversales :

- Centrer l'organisation de l'accueil autour des besoins d'un enfant précis,

- Responsabiliser la famille de l'enfant pour amener les parents à (re)prendre leur place dans la prise en charge de celui-ci,

- Organiser un service d'accueil permanent permettant d'éviter l'isolement des familles d'accueil.

Le placement, qu'il se fasse dans un cadre social (ASE, PJJ), d'éducation spécialisée (CDES) ou médical (médico-social ou pédopsychiatrique), rencontre des difficultés comparables.  

Les opérations psychiques dont l'enfant a besoin pour grandir, se font toujours en rapport avec la famille naturelle : filiation, expérience œdipienne, identité sexuelle, processus identificatoire... Il est fréquent d'assister à une crise d'identité qui éclate tout particulièrement à l'adolescence et qui se manifeste au travers de l'échec scolaire, d'un comportement asocial ou caractériel et d'éternelles questions sur l'origine du placement, la cause de la séparation, le retour en famille. D'où l'importance de la place du Tiers entre famille d'accueil et famille naturelle (en l'occurrence, l'institution gardienne) qui peut garantir la présence de cette dernière en occupant la place symbolique de l'espace transitionnel où seront rappelés tant l'histoire que la filiation de l'enfant.

C'est à travers de nombreux exemples et témoignages, que l'ouvrage retrace la diversité de cette réalité des familles d'accueil qui reçoivent aussi bien des enfants lourdement handicapés que des mères mineures avec leur enfant, de jeunes toxicomanes, enfants de mères malades du sida voire même des adolescents en pleine rupture.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°301  ■ 06/04/1995