La professionnalisation des assistants familiaux
CAMBON Laurent, Ed. ESF, 2013, 157 p.
Le métier d’assistant familial, qui constitue de loin, le plus gros effectif du secteur de la protection de l’enfance, a connu un long processus de professionnalisation, depuis la première loi à avoir règlementé son activité, en 1977 jusqu’à celle de 2005 qui a créé le Diplôme d’État d’Assistant Familial. Drôle de profession, en vérité, que celle qui n’est soumise à aucune durée légale du travail, qui ne bénéficie d’aucun repos compensateur et dont le droit à congés payés est soumis à l’accord du service employeur. Laurent Cambon décline avec précision les contours paradoxaux de ce métier en tension permanente entre affection et distance, entre contrôle et secret de l’intimité, entre travail individuel et équipe pluridisciplinaire, entre permanence et séparation, entre vie privée et vie publique, entre don de soi et salariat. C’est qu’il n’est guère facile d’exercer une fonction parentale sans remplacer les parents, de voir son mode de fonctionnement familial exposé au regard extérieur, d’être critiqué tant pour son trop grand investissement que pour un manque de bienveillance. Certains travailleurs sociaux, qui ont pourtant rang de collègues, sont parfois vécus, par certaines familles d’accueil, comme surtout donneurs de leçon, mais pas vraiment dans le soutien. Certaines familles d’accueil sont perçues, par certains travailleurs sociaux, comme manquant de professionnalisme et surtout attirées par l’appât du gain. Quand on rajoute l’exigence, faite aux services de placement familial, de faire toujours mieux, avec moins de moyens, face à des populations en détresse de plus en plus grande, on mesure la complexité de l’exercice. L’auteur nous propose ici une analyse fine et pertinente du subtil équilibre à trouver entre la reconnaissance de la professionnalité et la prise en compte de la dimension personnelle immanente à l’exercice si particulier de ce métier.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1157 ■ 19/02/2015