Dans l’œil du cyclone ASE

COUTURIER-CRESCENZO Frédéric, Éd. Les 3 colonnes, 2019, 154 p.

Le pot de fer contre le pot de terre : c’est l’image qui ressort de ce récit du duel perdu d’avance d’une assistante familiale contre une administration implacable qui a fait le choix d’appliquer le principe de précaution, au détriment de la présomption d’innocence. Dans le métier depuis vingt ans, l’auteure en a vu passer des enfants. Mais, rarement comme Siméon. Pourtant, tout avait commencé dans un moment de grâce : cette fameuse « lune de miel » faite de rire, de jeux et même d’une certaine complicité. Et puis, tout a basculé, le jour où une frustration l’a mis hors-de-lui. Du haut de ses neuf ans, l’enfant s’est mis à défier l’autorité des adultes. Le voilà qui exige, qui insulte, qui frappe. Il avait besoin de se confronter à un cadre bienveillant et structurant. C’est à ce moment-là que l’assistante familiale aurait eu le plus besoin du soutien et de l’accompagnement de son service ASE. Mais c’est tout le contraire qui advint. Dans le récit qu’elle déploie, elle est suspectée quand l’enfant se plaint d’avoir subi des maltraitances. Il ne serait pas suffisamment nourri ? En cinq ans il a pris cinq kilos. Il est puni très souvent ? La sanction consiste à rester assis dans un fauteuil sans bouger, un certain temps. Mais cela suffit pour que la posture éducative de l’assistante familiale soit jugée anxiogène et rigide. Il est bien sûr difficile de s’immiscer dans une telle situation, sans accéder à l’avis du service ASE concerné. Mais, pour une fois qu’une famille d’accueil n’est pas réduite au silence, mais s’érige en procureur, cela vaut vraiment le coup de la lire. A ne pas manquer le commentaire ironique et cruel, ligne par ligne, du rapport rédigé par la PMI contre elle. « L’assistante maternelle n’a pas le droit à l’erreur. Elle a beaucoup de devoirs et fort peu de droit, voire pas du tout » (p.37). A méditer !

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1308 ■ 04/01/2022